samedi 5 avril 2014

Manuel de l'arriviste littéraire (11)


La lettre anonyme

Lorsqu’au début de ce manuel nous disions : il n’est pas nécessaire de savoir écrire pour exercer le métier d’écrivain, nous avions oublié de vous prévenir qu’il est cependant indispensable de savoir écrire… des lettres anonymes, si l’on veut arriver à quelque résultat.
Ce n’est pas malin, nous direz-vous. Nous ne sommes pas de votre avis. La rédaction d’une lettre anonyme demande beaucoup d’expérience. Une lettre anonyme est destinée à déchaîner soit un scandale, soit une catastrophe morale. C’est une arme dont on se sert couramment.
Les aspirants écrivains doivent donc apprendre à la manier. Il y a des lettres anonymes qui ne sont pas précisément anonymes, tout en l’étant. Elles sont signées d’un nom quelconque, le plus souvent illisible. Ce sont celles-là qui portent le plus.
Voici un excellent modèle, il a déjà servi plusieurs fois avec succès : « Monsieur le Directeur, depuis que vous publiez les nouvelles de M. (ou Mme)… X., je n’achète plus aussi souvent votre journal. C’est idiot cette littérature-là. Ce n’est pas écrit en français. C’est du style de primaire. Un de vos anciens lecteurs assidus. Signé : Illisible. P.-S. Je connais dans mon quartier de nombreuses personnes qui n’achètent plus votre journal, à cause des contes mal écrits et stupides de M. (ou Mme)… X. »
Il y a d’autres sortes de lettres anonymes.

P.-S. La présentation de cette série d'articles publiés dans L'Aurore en 1914 se trouve ici. Ils ont été retrouvés grâce à Gallica.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire