La conversion
Il est très à la mode en ce moment de se
convertir. Peut-être cela ne durera-t-il pas très longtemps, mais enfin c’est
un fait : pour réussir à l’heure actuelle, il faut se convertir au
catholicisme. C’est bien porté. On s’arrache les écrivains catholiques dans les
salons.
Donc si le hasard vous a fait naître israélite, dépêchez-vous de déclarer
que vous avez entendu des voix et que vous voulez entrer à La Trappe. On dit
ça, on le fait rarement. On se contente d’aller à la messe, ou de dire qu’on y
va, c’est la même chose.
Mais fuyons ces questions épineuses. Vous pouvez, sans
être né israélite, être simplement libre penseur. Très mauvais ! très
mauvais ! Ce n’est pas distingué ! Vite !
Convertissez-vous ! Affirmez que la grâce (pas celle de Lucien
Rolmear !) vient de vous toucher et que vous abjurez vos erreurs.
Moyennant
quoi, vous serez considéré comme un bon écrivain français et vous serez reçu
partout, M. de Pomairols vous fera même obtenir un prix de littérature
spiritualiste. Il est vrai que pour cela il faudrait avoir écrit une œuvre.
Baste ! Faites une petite enquête littéraire sur le sujet suivant : un bon écrivain français doit-il se servir,
pour écrire, de plumes d’oie provenant d’oies germaniques ? Vous êtes
certain du succès.
P.-S. La présentation de cette série d'articles publiés dans L'Aurore en 1914 se trouve ici. Ils ont été retrouvés grâce à Gallica.
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