La question agite sans discontinuer une partie (étroite) de la blogosphère littéraire: sans un solide réseau de relations bien placées ou sans un nom déjà célèbre, est-il possible de publier un premier roman chez un éditeur en vue?
Non, répondent avec constance un certain nombre de ceux qui, refusés partout, ne se sont jamais posé une autre question pourtant fondamentale: leur manuscrit mérite-il de sortir du cercle encore plus étroit de mes frères et mes sœurs qui ont a-do-ré!
Oui, leur rétorque le Prix Envoyé par la poste qui sera attribué pour la quatrième fois le 31 août. Les trois premiers lauréats, de 2015 à 2017, avaient été Alexandre Seurat, Thierry Froger et Jean-Baptiste Andréa - auteurs de manuscrits, donc, envoyés par la poste, lus et approuvés par des comités de lecture grands ou petits au Rouergue, chez Actes Sud et L'Iconoclaste. Ce dernier éditeur plaçant à nouveau un titre dans la sélection 2018, j'ose à peine imaginer le nombre des déçus qui vont, avant de reprendre leur plaintive litanie, tenter leur chance là-bas.
Il s'agit évidemment de premiers romans, les auteurs déjà publiés ayant pris l'habitude de passer dans le bureau de leur éditeur (ce qui ne veut pas dire qu'ils y sont toujours accueillis). Il aurait été intéressant de savoir quelle proportion des 94 premiers romans annoncés à la rentrée est arrivée de cette manière chez Albin Michel, Gallimard, Liana Levi, Minuit ou L'Iconoclaste - voire ailleurs. Mais, pour l'instant, à ma connaissance, l'histoire ne le dit pas.
On notera (déjà) quelques convergences avec les épisodes précédents du feuilleton: la rentrée littéraire est une histoire qui se construit sur des canevas parfois récurrents. Quatre des cinq ouvrages sélectionnés sont aussi en piste pour le Prix Stanislas, le cinquième est, selon Lire, un "premier roman majeur". Encore primo-romanciers, pas encore en librairie, mais déjà plus tout à fait des inconnus...
- Inès Bayard. Le malheur du bas (Albin Michel)
- Anton Beraber. La grande idée (Gallimard)
- Estelle-Sarah Bulle. Là où les chiens aboient par la queue (Liana Levi)
- Pauline Delabroy-Allard. Ça raconte Sarah (Minuit)
- Adeline Dieudonné. La vraie vie (L’Iconoclaste)
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