Cécile Guidot frappe fort avec Les actes : le notariat, sujet inhabituel dans la fiction,
premier volume d’une entreprise qui en comptera trois[1],
approche à la fois technique et humaine d’un milieu que le public connaît mal…
Son expérience professionnelle de notaire a nourri les deux aspects d’un livre
qui se traverse avec un intérêt constant, si l’on oublie quelques complexités
juridiques sur lesquels elle ne pouvait pas faire l’impasse. Explications.
Connaissiez-vous des
romans dont le héros est un notaire, ou, plus improbable encore, une
notaire ?
Non, je crois que c’est
le premier roman qui se passe intégralement dans une étude de notaire. Il y a
eu des personnages de notaires dans la littérature, l’œuvre de Balzac en est
parsemée, mais pas au premier plan. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai trouvé
l’idée intéressante, et cela intéresse aussi la télévision puisqu’il est
question que le roman devienne une série.
Le personnage du
notaire est souvent traduit par des clichés qu’un personnage, Alex,
résume : « Pour moi, un notaire est un bonhomme austère et bedonnant
avec une mèche grasse sur le front, des souliers pas cirés, dans un bureau qui
sent le vieux. » Pas très excitant…
En effet, le cliché
est très répandu, alors que la réalité, que je décris dans mon livre, est très
différente : les études de notaires sont de véritables ruches, avec des
personnages divers, de milieux sociaux très différents, avec des niveaux de
langage très variés. On est loin du cliché… L’image plutôt négative vient
peut-être précisément de l’absence de référence dans la fiction française,
alors qu’il y a des avocats, des médecins qui peuplent la fiction. Au fond,
c’est un métier qu’on connaît assez peu, assez secret, et que j’aborde de
l’intérieur.
Image négative, c’est
peut-être trop fort. Image poussiéreuse, certainement. Et, donc, vous
dépoussiérez ?
Oui, si je peux faire
du bien et casser un peu les clichés, j’en suis ravie.
Alice, en tout cas,
votre héroïne, fait tout pour modifier l’image quand elle dit : « derrière
des apparences bien policées, les notaires sont aussi dingos que les clients ! »
Vous confirmez ?
Bien sûr ! Les
notaires restent humains, avec le bien et le mal qui les animent, avec les
histoires personnelles dans lesquelles ils se débattent comme leurs clients.
C’est ça que je voulais montrer, la complexité de la nature humaine, des
histoires qui s’imbriquent.
Vous avez choisi un
gros cabinet, dans lequel il y a beaucoup de monde. C’est un univers aussi
cruel que les autres où les gens sont placés en compétition entre eux.
Je crois que c’est
assez universel. Les rivalités sont fortes, les affinités aussi. La proximité,
la promiscuité même, dans les bureaux engendre des situations parfois
explosives. Par ailleurs, la vie personnelle déborde sur la vie de bureau.
Et
réciproquement ?
Et réciproquement,
absolument ! On emporte ses dossiers avec soi quand on rentre à la maison
et il faut gérer les souffrances, les peines, les conflits qu’on accueille. On
n’en sort pas indemne et c’est cela que je voulais décrire.
Presque à la fin du
roman, Alex donne un conseil à Alice : « Ecris tes histoires de
notaire ! » Ce conseil, quelqu’un vous l’a donné ?
Non. J’ai toujours
écrit, c’est une passion ancienne, j’ai commencé à écrire quand j’avais douze
ou treize ans, des poèmes, des nouvelles, et puis j’ai écrit, tout au long de
mes années d’étude et de travail, des romans que j’ai envoyés à des éditeurs.
Ils me répondaient par des lettres de refus plus ou moins argumentées. A un
moment, j’ai arrêté de travailler, j’ai voyagé, et je me suis dit que mon
meilleur sujet, c’était mon métier de notaire, dans quelque chose que je
voulais comme un feuilleton. D’emblée, j’ai eu l’idée d’une trilogie, j’ai
établi un plan assez détaillé de l’ensemble. J’ai bien avancé dans le deuxième
tome, il sortira en début d’année prochaine.
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