Un brillant attelage constitué de quatre personnages très
différents les uns des autres conduit le roman d’Elizabeth Jane Howard, Une saison à Hydra. Il infléchissent chacun à leur tour, dans un ordre
variable, la direction d’un récit qui mène de Londres à Athènes en passant par
New York et Hydra. La transition entre eux se fait avec un pas de côté qui est
aussi un léger recul pour réécrire la fin du chapitre précédent. Si bien que le
roman avance par glissades et entraîne sans heurt sur un étonnant parcours. Celui-ci
commence en demi-teinte, et on se demande, dans les premières pages, comment on
pourra s’enthousiasmer pour une écriture parfaitement classique où rien dans la
forme ne semble fait pour surprendre. Mais, en pénétrant dans les pensées des
protagonistes, dont la plupart s’expriment à la première personne, l’intérêt
grandit.
Seuls les chapitres consacrés à Emmanuel Joyce, le
dramaturge britannique de 61 ans qui est le pivot du petit groupe, sont écrits
à la troisième personne. Pour, probablement, marquer une distance avec l’auteur
à succès qui souffre dans sa vie privée et bénéficie dans son travail d’une
double personnalité : « l’avantage c’est qu’il pouvait débattre avec
lui-même. »
Son épouse Lillian est une femme déchirée qui peine à
trouver la sérénité. De santé fragile, elle a perdu sa fille Sarah à deux ans.
Blessée par les infidélités de son mari, elle voudrait lui trouver une
secrétaire qui ne serait pas amoureuse de lui, et dont il userait pour une
liaison jetable. Gloria, qui vient d’être congédiée, a même fait une tentative
de suicide. Lillian espère qu’il n’en ira pas de même avec Alberta, la nouvelle
qu’elle a recrutée.
Dix-neuf ans, aucune expérience professionnelle ni
sentimentale, Alberta reste très liée à son oncle et à son père pasteur. Elle
leur écrit souvent et la plupart de ses impressions, au cours du livre, sont
transcrites dans les lettres envoyées aux étapes au cours desquelles sa vie ne
cesse de basculer.
Le quatrième personnage n’est pas le moindre : Jimmy,
manager attentif à simplifier la vie d’Emmanuel, veille aussi sur l’humeur de
Lillian et, désormais, sur l’apprentissage d’Alberta dont le statut évolue
rapidement de secrétaire à premier rôle d’une pièce qui doit être montée à New
York. Jimmy est le ciment du groupe.
Mais le ciment est devenu fragile. Jimmy envisage une vie
privée, ce qu’il n’a jamais connu dans son existence. Au même moment, Emmanuel
sent naître et croître une attirance pour Alberta. Et Lillian voit venir le danger…
D’Elizabeth Jane Howard, née en 1923 et morte en 2014, Sybille Bedford dit très justement dans son introduction qu’elle « réussit à nous faire voir ce qu’elle veut, d’une chèvre à une table dressée pour le dîner au bord de la mer, de l’expression d’un visage à un cendrier le matin. »
D’Elizabeth Jane Howard, née en 1923 et morte en 2014, Sybille Bedford dit très justement dans son introduction qu’elle « réussit à nous faire voir ce qu’elle veut, d’une chèvre à une table dressée pour le dîner au bord de la mer, de l’expression d’un visage à un cendrier le matin. »
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