lundi 4 novembre 2013

Le prix Renaudot à Yann Moix

Désolé, ce n'est pas par moi que vous saurez ce qu'il faut penser du Prix Renaudot de cette année. Je n'ai pas lu Naissance, de Yann Moix. Moins à cause du nombre de pages de ce roman monstrueux que du temps qu'il fallait y consacrer - et de tous les autres livres qui attendaient...
Six voix l'ont élu au premier tour.
On se contentera donc, pour une fois (et en attendant sa réédition au format de poche, moment où certainement je m'y remettrai), de la présentation de l'éditeur:
Ce roman est si particulier, si original, si multiple, qu’il sera préférable de le présenter pédagogiquement, et point par point… 1/ Ce roman s’intitule donc Naissance et il est gros, voire «hénaurme». Il est gros, et non pas gras. L’auteur précise: «ce livre est gros comme une femme enceinte de neuf mois». 2/ Ce roman raconte comment son narrateur est venu au monde: il naît, déjà circoncis, dans une famille qui ne veut pas de lui. Ses parents lui font recoudre un prépuce - mais le mal est fait : ce personnage sera, en permanence, un bouc-émissaire. 3/ Roman d’initiation, Naissance raconte comment un enfant devient peu à peu, à l’insu de sa famille, un écrivain. Rejeté par sa famille, il sera influencé en ce sens par un personnage incroyable, un certain Marc-Astolphe Oh, hurluberlu hilarant et collectionneurs de… collections. 4/ Ce roman contient et prolonge tous les précédents livres de Yann Moix: Jubilations vers le ciel pour l’enfance; Les cimetières sont des champs de fleur pour la folie; Anissa Corto pour les sentiments; Podium pour la province et la vie française des années 1970; Partouz pour la mystique et pour Charles Péguy; Panthéon pour l’enfance maltraitée; Mort et vie d’Edith Stein pour ses pages sur le judaïsme et le christianisme. Naissance est le roman de tous les romans de Yann Moix. 5/ Naissance est aussi un hommage absolu à la littérature. Il contient des chapitres sur Stendhal, Faulkner, Gide, Georges Bataille. Il insiste également, et ceci est en rapport avec cela, sur la mort de Charles Péguy et celle de Brian Jones. 6/ Ce livre évoque aussi les milieux de l’édition dans les années 1970. Ledit Marc-Astolphe Oh, auteur d’un Que sais-je? sur la photocopie et la reprogravure, est désireux de se faire éditer chez Grasset. Il passe par Franz-André Burguet, venu écrire l’un de ses romans à Orléans, et qu’il harcèle pour que ce dernier lui présente Jean-Claude Fasquelle (autre personnage du roman). 7/ On l’aura compris : ce roman est fou, désopilant, grave, métaphysique, étincelant, loufoque, rabelaisien. Naissance sera… l’heureux événement de la rentrée !
Je n'ai pas lu davantage (pas de chance, j'avais lu les deux autres sélectionnés) le dernier livre de Gabriel Matzneff, Séraphin, c'est la fin!, Prix Renaudot essai avec sept voix. Voici comment l'auteur le présente lui-même:
La liberté n'est jamais acquise, elle est une perpétuelle reconquête. Quand je vois l'imbécile "nouvel ordre mondial" prôné par les pharisiens glabres d'outre-Atlantique et les excités barbus d'Arabie (qui, les uns et les autres, prétendent régenter nos moeurs, nous dicter ce que nous devons penser, croire, écrire, manger, fumer, aimer) étendre son ombre sur la planète, j'ai l'impression d'avoir labouré la mer, écrit et agi en vain. 

Pourtant, je m'opiniâtre. Qu'il s'agisse de la résistance au décervelage opéré par les media, de la résistance à l'omniprésente vulgarité des mufles, de la résistance aux prurigineux anathèmes des quakeresses de gauche et des psychiatres de droite, Séraphin, c'est la fin !, où sont assemblées des pages écrites de 1964 à 2012, témoigne que je demeure fidèle aux passions qui ont empli ma vie d'homme et inspiré mon travail d'écrivain; que, jusqu'au bout, je persiste dans mon être.
Enfin, pour compléter ce jour de guigne, il faudra aussi passer par l'éditeur pour présenter le Prix Renaudot poche, Le Pérégrin émerveillé, de Jean-Louis Gouraud:
Le 1er mai 1990, Jean-Louis Gouraud quitte la région parisienne avec deux chevaux et entame un voyage qui va l'amener jusqu'à Moscou après avoir parcouru 3 333 kilomètres en soixante-quinze jours. Arrivé à destination le 14 juillet, il est le premier Occidental autorisé à entrer à cheval en Union soviétique. En vingt ans, Gouraud a souvent refait le voyage, revu ceux qui l'avaient accueilli lors de son premier parcours et surtout pris la mesure de changements majeurs: l'Allemagne est aujourd'hui réunifiée, la Pologne intégrée à l'Union européenne, et l'URSS a été remplacée par des républiques qui ne croient plus au communisme... Mais, au-delà du politique, qu'est-ce qui a vraiment changé? C'est l'une des questions auxquelles se confronte l'auteur qui, aidé de ses nombreuses notes, déploie un voyage insolite, où la multiplicité des paysages égale la densité des rencontres, et livre, en même temps qu'une réflexion sur le temps et l'espace, le portrait d'un empire où en chaque homme sommeille un cosaque. Les voyages de Jean-Louis Gouraud l'ont amené à découvrir un texte étrange du célèbre et sulfureux Raspoutine, qui fut lui aussi un pérégrin. Il en est donné ici la première traduction en français.

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