Impossible de ne pas le voir, de ne pas en entendre parler, de ne pas croiser des avis divers, pour et contre, bref, impossible de l'ignorer. Et je ne dirai rien des chiffres annoncés pour le tirage. Ils sont monstrueux et constituent par eux-mêmes la meilleure promotion du nouvel album.
Astérix chez les Pictes, trente-cinquième aventure des irréductibles Gaulois, est-ce que ça vaut le coup?
Bon, ça dépend de ce qu'on cherche - un peu comme à chaque fois avec un livre, quel qu'il soit. Jean-Yves Ferri et Didier Conrad ont rempli leur contrat à la perfection s'il s'agissait de donner aux fans d'Astérix et Obélix une histoire et un graphisme qui ressemble à tout ce qui'ils ont déjà lu, aux meilleurs des 34 albums précédents. Il n'y a de surprises que minuscules, dans les détails, dans des jeux de mots nouveaux inspirés d'expressions que Goscinny et Uderzo ne pouvaient pas connaître. Buzz, bug ou l'énorme Afnor (celui-ci, si, il existe depuis longtemps) font quelques apparitions, et on se dit qu'Astérix est un peu comme un dictionnaire qui accueille, pour chaque millésime, des mots entrés récemment dans l'usage. Un reflet de l'air du temps, en somme.
Les gags récurrents n'ont pas été oubliés, le poisson est frais, le barde casse les oreilles, les Romains et les pirates se font démolir, le chef du village expérimente une technologie nouvelle et pas tout à fait au point, bref, on est en pays de (re)connaissance. Et c'est à partir de ces bases solides que l'on peut partir explorer la pays des Pictes, inventeurs des pictogrammes (leur usage, qui ne pouvait mieux tomber, est une des belles trouvailles de l'album) et grands consommateurs de l'eau de malt. Obélix ne supporte pas davantage, surtout en mangeant, les airs du barde picte que ceux du barde gaulois - celui du village où on vit en kilt s'appelle MacKeul et peut demander: "Quoi, MacKeul, qu'est-ce qu'il a, MacKeul?", d'autant que ses traits ne nous sont pas inconnus.
Le dosage entre les éléments de la tradition et les apports nécessaires à chaque nouvel album est très équilibré. En ce sens, Astérix chez les Pictes est une réussite. Quant à ceux qui espéraient une révolution, ils en seront pour leurs frais. C'était à prévoir: on ne modifie pas en profondeur une série de ce genre, surtout quand elle est aussi (surtout?) une extraordinaire machine à cash.
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