mardi 19 novembre 2013

Partage ou piratage ? La fin du Team Alexandriz


L'initiative ne faisait pas que des heureux, les dents grinçaient. Mais le Team Alexandriz semblait résister à tout, ou presque, même aux menaces (ont-elles été mises à exécution ou non?) de procès d'éditeurs français. Le Team Alexandriz, depuis quatre ans, mettait en ligne des livres électroniques gratuits non libres de droits. Du piratage, en termes juridiques. Du partage, pour les utilisateurs. La différence est de taille, bien sûr.
Le SNE (Syndicat national de l'édition) s'est réjoui, cette nuit, de la fermeture du forum qui continuait à répandre des livres électroniques gratuits sur Internet. Probablement un "fake", ne serait-ce que pour une seule raison: on imagine mal un ponte du SNE veiller la nuit sur le corps désormais inerte du Team Alexandriz... Mais les réactions joyeuses de ce "SNE" sur le "chat" devaient correspondre aux sentiments réels des éditeurs qui se sentaient légitimement floués par l'entreprise.
Cela avait commencé par la réédition de livres indisponibles sous forme numérique, avec un souci de qualité parfois plus grand que chez l'éditeur original - le roman d'Alexis Jenni qui avait reçu le Goncourt en 2011 avait été ainsi mis en ligne avec un certain nombre de corrections. Cela s'est poursuivi par la mise à disposition, pour les membres d'un forum très actif, d'autres ouvrages, soit réalisés à partir d'un exemplaire papier - numérisation, reconnaissance de caractères, relecture et corrections, mise en forme... un travail de réédition, en somme -, soit achetés en toute légalité par quelqu'un qui, après un éventuel travail pour enlever les DRM et les tatouages, les rendait disponibles pour les autres membres.
On y trouvait donc autant de raretés que de nouveautés. Mais toujours au mépris de la loi sur le droit d'auteur, ce qui était évidemment un problème - malgré les libertés prises par ailleurs avec cette loi par le très officiel ReLIRE. Les menaces avaient eu raison d'une partie du Team Alexandriz, qui avait cessé ses activités le 31 août (en réalité, les derniers ouvrages avaient été mis en ligne le 18 juin). Le forum, cependant, continuait ses échanges. Ceux-ci n'étaient d'ailleurs pas limités au partage/piratage de livres. Il s'y donnait aussi de judicieux conseils sur la manière de fabriquer un livre électronique et des lecteurs y fournissaient à jet continu leurs avis sur les livres qu'ils venaient de terminer.
Jusqu'à hier, donc, tout ce petit monde semblait devoir poursuivre à vivre dans sa bulle en toute tranquillité.
C'était oublier qu'un forum comme celui-là dépend souvent d'un tout petit nombre de responsables, probablement d'un seul, même, sur qui repose la volonté de laisser faire les choses ou... de les arrêter.
Hier, donc, tout a fermé. Le célèbre "404 Not Found" remplace la page d'accueil du forum et, pour ce que j'ai pu en comprendre, c'est définitif - malgré des rumeurs qui laissaient entrevoir une migration sur un autre serveur. Un accès de mauvaise humeur serait (le conditionnel est de rigueur) la raison principale de cette décision.
Quant à savoir s'il faut s'en réjouir ou le regretter, c'est évidemment en fonction de l'endroit d'où on parle. (Et moi, vous le savez, je suis... ailleurs.)

12 commentaires:

  1. L'histoire se répète, et la nature à horreur du vide, comme pour la musique les plus malins ont trouvé la solution de rechange depuis quelques mois déjà, il va falloir que l'industrie se réveille, c'est triste de les voir réagir exactement de la même manière que l'industrie du disque au lieu de mettre à profit son retour d'expérience. Faites une offre cohérente, simple et respectueuse du client, les gens paieront c'est ce qu'il arrive à la musique, c'est le chemin que prend l'audiovisuel outre-atlantique, combien de temps vas-t-on devoir subir ce vieux débat, encore 3 ou 5 ans, pitié !!!

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  2. C'est la culture qui est perdante aujourd'hui : Il n'y a plus d'offre en France permettant l'edition au format numerique d'ouvrages libres de droit ou sans reel interet financier pour l'editeur ... les nouvelles solutions sont des sites de partages qui ne produisent pas de contenu ...

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  3. > Il n'y a plus d'offre en France permettant l'edition au format numerique d'ouvrages libres de droit

    Il y a au moins un dizaine de sites qui proposent des ebooks du domaine public, et il y a même un catalogue commun, http://noslivres.net, qui recense plus de 6500 entrées.

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  4. Vu l'offre légale inexistante en France dans ce domaine, la fermeture de ce petit nid de passionnés est bien triste (quelle galère de trouver un ebook en toute légalité pour sa tablette quand on ne se contente pas du dernier Levy!) . Il y a des lois pour contrer le piratage, mais il n'en existe aucune pour lutter contre la fainéantise des éditeurs. Et les perdants, dans tout ça...

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  5. C'est pas l'offre légale de livres libres de droit ou non qui manque en France, c'est le modèle économique qui est abberant!!! certains ebook atteignent 20 Euros et avec DRM!!! C'est une absurdité compte tenu de la faiblesse des coût de production et de distribution!!! un surprofit illégitime qui pousse progressivement les gros lecteurs vers des forum comme la Team

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  6. Nous sommes nombreux pationnés de lecture à ne pas avoir les finances pour suivre les livres que l'on souhaire lire. TeamAlexandriz c'était une super bibliothèque. Pourquoi ne pas l'officialiser comme telle, et faire payer un droit de 0.20 cent par livre téléchargé? c'est ce que l'on paye pour louer un livre papier en bibliothèque. L'industrie du livre récupèrerai ainsi une belle somme... qu'ils n'auront de toute façon pas autrement....

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  7. Francounette tu parles bien et logique mais tu oublies que pour que certains roulent en BMW il faut qu'ils réalisent de gros profits!!!! genre vendre des ebooks à 20 Euros!!! Alors, les éditeurs s'entêtent sur des modèles archaïques de prix de vente!! qui ne tiennent pas compte des couts de production et qui fera leurs pertes!!! Il est aujourd'hui plus rapide et plus simple de télécharger un ebook pirate que d'en acheté un légalement!!! alors voir une logique là dedans

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  8. Je comprends bien la colère des éditeurs, d'autant que l'on trouvait de plus en plus de nouveautés ou d'ouvrages par ailleurs disponibles en epub légalement. Cependant, je plaindrai les éditeurs le jour où ils proposeront des ebooks à un prix décent et SURTOUT d'une qualité acceptable. On a la plupart du temps l'impression de lire les épreuves non corrigées, et je viens d'acheter 50 euros une intégrale Nestor Burma truffée de fautes (liées à une OCR suivie d'une relecture de fainéant), au point que certains paragraphes sont tout simplement incompréhensibles. Le mépris des lecteurs de numérique est infini chez les éditeurs, et ils s'étonnent qu'il y ait du piratage! La TeamAlexandriz faisait du meilleur travail qu'eux : qu'ils les embauchent au lieu de les poursuivre! Par ailleurs, je suis d'accord avec de nombreux commentaires : ils n'ont rien appris de ce qui est arrivé à l'industrie du disque, sans doute parce qu'ils se croient au-dessus de tout le monde. Les DRM embêtent ceux qui achètent légalement des ebooks, sans empêcher les pirates de les contourner. Mais il s'entêtent, se drapant dans leur dignité outragée, confortés par certains discours institutionnels affligeants. Et on croit qu'on va sauver le livre et la librairie comme ça...

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  9. Franchounette, il y a encore, et c'est heureux, beaucoup de bibliothèques gratuites. Alexandriz allait dans ce même sens qui met la culture à la portée de tous.

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  10. le site est tjrs en ligne - mais une seul nouveauté depuis le 18 juin

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  11. Pour pousser les éditeurs à se lancer dans le format numérique,ce qu'il faut, c'est une loi pour dissocier une oeuvre au format papier d'une oeuvre au format numérique. En gros, si l'éditeur ne dispose pas d'une version numérique alors il serait légal de la partager sur internet. Et là, je pense que tous les éditeurs se lanceront dans le numérique.

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  12. Il y a un gros problème au niveau du piratage de l'ebook. Car il s'agit bien d'un piratage. Je suis dans le domaine de l'édition, par conséquent, mon avis est subjectif, dans une certaine mesure, mais je vais essayer de faire au maximum la part des choses. Je connaissais le travail de la Team AlexandriZ. Il y avait de "bonnes choses" comme des publications ebook de livres qu'on ne trouvait plus, nul part, sauf sur site de ventes d'occasions, ce qui permettait de refaire un coup de pub à un ouvrage tombé dans l'oubli. Je ne fais pas l'autruche, la longueur des droits d'auteurs est une protection pour l'auteur (qui gagne très peu pour son travail) et 70 ans avec un livre qui est remisé s'il a fait un flop, c'est souvent du gâchis. Après, il y avait les nouveautés, et là, c'est à la fois de la faute des tarifs excéssifs, mais aussi des utilisateurs. Si un livre plait vraiment, pourquoi ne pas l'acheter en version papier (même en poche pour le prix), une rétribution à l'auteur, ce qui est, pour moi, normal. Après, entre éditeurs, nous ne sommes vraiment pas sur la même longueur d'ondes. La plupart (c'est à dire, la majorité de petit) sont pour des ebooks à prix cigarettes (aux alentours de 5 à 6€), les plus installés, les vieux de la vieille, les grands pontes, sortent des ebooks allant jusqu'à 15e sans pour autant augmenter les droits d'auteurs (personnellement, je trouve que c'est une honte). Malheureusement, l'auteur est toujours la première victime de ce genre de piratage. Très honnêtement, je défendrai toujours le partage de livres, car il est très positif, mais le problème avec les sites de piratage, c'est qu'il s'agit avant tout d'action unique et anonyme. D'autant que le monde littéraire est un monde à part, souvent peuplé de passionnés qui sont là pour une bonne raison. Il y a énormément de moyen de vous procurer un livre gratuit que vous voulez vraiment par le biais des communautés de chroniqueurs, telle Babelio, Livreaddict etc, vous lisez gratuitement et vous partagez votre ressenti à votre réseau. C'est une méthode extrêmement répandue dans le monde de l'édition et, malheureusement, très peu suivie par les "pirates". C'est ce qui énerve, encore plus lorsque je lis le dernier commentaire "si l'éditeur ne dispose pas d'une version numérique" et l'auteur dans l'histoire?! La transition du numérique est en train de se faire, assez rapidement même, mais par pitié pensez aux auteurs en priorité ! Un jeune auteur (en âge d'écrivain hein), ne gagne pas sa vie grâce à ses ventes, il lui faut plusieurs publications et plusieurs années pour y arriver, quand il y arrive ! Alors, si c'est pour lui tirer une balle dans le pied en disant "j'l'aime bien lui", faites en sorte de faire les choses correctement.

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