samedi 2 novembre 2013

Et toi, tu regardes la télé ?

Chère cousine,

Regrettes-tu, toi aussi, le temps où Bernard Pivot faisait la pluie et le beau temps dans les librairies le samedi matin? Il y avait d'autres émissions sur les livres, mais on ne parlait que de lui. Tu me diras: maintenant, on ne parle plus d'aucun présentateur d'émission sur les livres. Parce qu'il n'y en a plus? Disons qu'il n'en existe plus qui soit l'institution de référence que nous avons connue. Ce n'est pas le désert pour autant, me disais-je en survolant les programmes de la semaine. L’œil tiré du côté d'Arte qui entame, mercredi (mais à 22h30 hélas!) la diffusion d'une "collection" de documentaires. Elle s'ouvre avec l’Irlande de Robert McLiam Wilson, Edna O’Brien, Robby Doyle et Colm Tóibín. L'Italie, l'Angleterre, l'Espagne et la Hongrie seront les étapes des prochains numéros. Le projet, ambitieux, ne devrait pas s'arrêter là et a la prétention (justifié, semble-t-il, de faire découvrir des pays, des cultures, à travers le regard des écrivains).
Bien, mais il ne s'agit pas d'une émission régulière, au contraire de La grande librairie avec laquelle François Busnel, qui m'horripile par l'intensité de ses fausses convictions, nous convoque devant le poste chaque jeudi soir, direction France 5. La semaine prochaine, le jeudi sera daté 7 novembre, jour du centième anniversaire de la naissance d'Albert Camus. On en parlera, c'est prévisible et en même temps cela fait toujours du bien.
Un autre rendez-vous régulier? Euh... On n'est pas couché, peut-être, ou Le grand journal?
L'ère du divertissement est bien installée dans les cerveaux et, ce soir, qui pourra dire si Nicolas Bedos est présent chez Laurent Ruquier comme chroniqueur ou pour faire la "promo" de La tête ailleurs, paru cette semaine? Le mélange des genres est tel qu'un écrivain se doit de faire le clown pour essayer de rendre son livre présent. Attention, je n'ai pas dit que Nicolas Bedos était un écrivain, non plus, faut pas exagérer...
Chez Antoine de Caunes, il y avait bien un invité "littéraire" dans la dernière émission que je trouve sur le site (non, je ne regarde pas): Frédéric Mitterrand était venu parler de La récréation. Ah! bon?
Quoi d'autre? La pastille quotidienne d'Olivier Barrot intitulée, selon les cas, Un livre, un jour ou Un livre, toujours? Quand je tombe là-dessus, je m'endors après 30 secondes.
De temps à autre, je croise un débat entre gens informés sur Public Sénat, comme l'autre jour autour de Simenon. Je vois dans les programmes quelques émissions qui devraient attirer l'attention comme, lundi prochain sur France 3, Les mots comme des pierres (à 23h45!), un portrait d'Annie Ernaux.
Et probablement, si je prenais la peine d'éplucher mieux les grilles des différentes chaînes offertes à mon (petit) appétit de téléspectateur, trouverais-je d'autres occasions de m'arrêter quelques instants sur mon canapé. Sans nécessairement m'enfuir comme je le fais devant les apparitions d'un célèbre libraire de référence au discours critique pour le moins léger...
Alors, l'offre est-elle abondante? pauvre? suffisante? indigente? Ma foi, je n'en sais rien. Mais je sais une chose: neuf fois sur dix, au lieu d'entendre un animateur, voire un journaliste, mettre un écrivain à la question (ou lui demander de marcher sur les mains), je préfère éteindre la télé et ouvrir un livre.
Et toi, chère cousine que j'embrasse?
Ton cousin.


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