Un photographe, après avoir abandonné le terrain des guerres qui avaient rendu son travail célèbre, est tué lors d’une prise d’otages dans un lycée de Lille. Dans la même ville, Dom, qui tient un bar, accumule en vrac des archives dans lesquelles il fouine sans grande méthode, à la recherche d’il ne sait quoi, qui lui permettrait peut-être de voir clair dans son passé.
Le surgissement de Laura, engagée par Dom comme serveuse et archiviste, très vite en compétition avec Judith, associée et femme de la vie du bistrotier, survient au moment où s’ouvrent pour eux l’habitation du photographe défunt. Ils y trouvent les traces d’une jeune fille, peut-être séquestrée pendant des années, et qui a disparu.
Un formidable jeu de piste se met en place, dans lequel interviennent de multiples éléments du passé, de la bande à Bonnot quand elle se réfugiait en Belgique aux SS wallons de Degrelle, et jusqu’à Berlin où la chute du mur, en 1989, a marqué un virage essentiel pour une histoire que ses protagonistes contemporains tentent de reconstituer.
Souvent, les romans de Michel Quint sont hantés par des fantômes. Avec des mains cruelles n’échappe pas à l’obsession du mal qui, perpétré autrefois, retombe sur les vivants. Une scène résume, sinon le récit riche de multiples de méandres, au moins l’affrontement entre les époques. Dans un hôtel de Bruxelles, les trois personnages principaux, accompagnés d’un ami journaliste à la retraite, interrogent un ancien compagnon de Degrelle en se faisant passer pour des sympathisants. L’homme est âgé mais toujours convaincu d’avoir eu raison, comme il l’explique avec complaisance à ses interlocuteurs, auxquels il confie quelques secrets. Jusqu’à ce que Laura, avant de partir, lui glisse dans l’oreille quelques mots qui le bouleversent. Fin de partie pour le vieux nazi…
Préservant longtemps la part d’ombre que chacun préfère masquer aux autres, le romancier prend son temps, aiguise la curiosité du lecteur. Il nous réserve quelques surprises dignes de la traversée des époques dans lesquelles il nous convie, toutes nourries les unes des autres dans un réseau dense d’échos. S’y font entendre l’anarchie et l’ordre, la paix et la guerre. L’amour, aussi.
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