Je voyage, au fond, assez peu. Mais, là, je suis en plein dedans depuis une semaine, et je n'ai pas trouvé le temps d'écrire la moindre ligne pour ce blog. Alors qu'un rayon de soleil perce dans les rues de Mons (en Belgique), je reviens un peu en arrière. A lundi, pour commencer.
Les Éditions Gallimard ont changé d’adresse.
La fois dernière, l’imposant bâtiment derrière les murs desquels se décide,
pour partie au moins, ce qu’est aujourd’hui la littérature française
appartenait encore à la rue Sébastien Bottin. En hommage à son fondateur, la
rue a été rebaptisée, l’année dernière (celle du centenaire de la maison), rue
Gaston Gallimard. A l’intérieur, rien n’a changé. L’effervescence règne, ballet
de coursiers, d’attachées de presse et d’éditeurs qui passent devant les photos
d’écrivains accrochées aux murs, sans plus les voir.
Je suis venu rencontrer Caryl Férey. Une demi-heure d’avance laissera le temps à d’autres conversations.
La première est de hasard, avec Frédérique qui accomplit sa part du ballet dont
je parlais. Elle s’occupe de collections de poche dérivées de Folio – qui a
quarante ans en 2012 et célèbre l’anniversaire avec quelques ouvrages
particuliers, édités avec soin, dont je ne vois malheureusement jamais à
quoi ils ressemblent. Un peu d’incompréhension, semble-t-il, avec le service de
presse responsable de la collection. Mais Frédérique se fait fort de lever le
malentendu autour d’un café auquel elle m'invite et où elle conviera ses collègues.
Après Folio, la Pléiade. Format de poche
aussi, mais il s’agit de la Rolls Royce de la maison. Les textes sont publiés
sur papier bible, enserrés dans l’écrin d’une couverture pleine peau dorée à
l’or fin. Luxe et simplicité, pour un Panthéon de la littérature servi par des
spécialistes attentifs à l’édition précise des œuvres, souvent abondamment
annotées. Ce n’est pas le cas pour Jules Verne, dont Vanessa me donne les
deux volumes de Voyages extraordinaires
qui seront demain en librairie. Les notes n’occupent que peu de pages. En
revanche, il y a dans ces volumes, outre quatre romans (dont L’île mystérieuse et Vingt mille lieues sous les mers), les
illustrations des éditions originales. Cela fait rêver…
François Angelier, producteur de l’émission Mauvais genres (France Culture), est de
ceux qui ont longtemps rêvé depuis qu’à sept ou huit ans, il a emprunté une
édition Hetzel à des voisins. Aujourd’hui, il est redevenu le gamin emporté par
Jules Verne et ces gravures dans les fictions étonnantes créées au 19e
siècle : les Éditions Gallimard lui ont confié l’album de la Pléiade 2012.
Un livre somptueusement illustré, qui ne se vend pas mais que les libraires
offrent à l’achat de trois volumes de la collection. Comme il n’est jamais
réimprimé, sa valeur augmente avec le temps, et il devient difficile de trouver
un album des cinq premières années à moins de 300 euros. Cher, pour un livre au
point de départ gratuit…
Un rendez-vous téléphonique est pris pour
l’après-midi avec François Angelier, qui me dira le plaisir pris à raconter
« son » Jules Verne dans « un
petit monument informatif et personnel. Il ne s’agissait pas d’écrire un essai,
mais la part personnelle autorise l’insistance sur certains événements. J’ai
ainsi beaucoup utilisé sa vie personnelle, familiale et amoureuse, son ancrage
dans la vie politique, ses cadences de travail soutenues, en accord avec son
éditeur, les éléments de voyage… »
Entre Gallimard et Grasset, autre maison
prestigieuse, il doit y avoir cinq cents mètres. Sur le trajet, boulevard
Saint-Germain, le Musée des lettres et manuscrits où s’ouvre après-demain
l’exposition Jack Kerouac. J'y
passe le nez ? Oui, mais les préparatifs battent leur plein et il n’y a
encore rien à voir.
(A suivre.)
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