vendredi 25 mai 2012

Amour, tendresse et Maupin


Huitième épisode des Chroniques de San Francisco, le roman d’Armistead Maupin n’abandonne pas le petit milieu gay dont ses lecteurs sont familiers, ni les personnages récurrents qui le constituent. Mary Ann n’est donc pas une inconnue. Elle ne l’est pas davantage pour les habitants de San Francisco où elle a passé sa jeunesse et où elle était devenue une vedette locale grâce à son émission de télévision. Comme elle le constatera en créant son profil Facebook, ses prestations sont restées dans les mémoires. Mais, comme le réseau social possède aussi une face négative, un de ses « amis » possède d’elle des souvenirs moins agréables, liés à une histoire ancienne qu’elle avait enfouie dans un coin de son cerveau auquel elle ne rendait jamais visite. C’est la concession que fait l’auteur au roman noir.


Pour le reste, il n’est qu’amour et tendresse. Mary Ann en a bien besoin. Elle revient à San Francisco après une séparation brutale. Elle a assisté, grâce à une session de Skype restée ouverte, à une scène torride digne d’une sextape : son mari et sa « coach de vie » se donnant du bon temps dans une chambre d’hôtel à Venise. Dans la foulée, Mary Ann a appris qu’elle avait un cancer de l’utérus.
C’est beaucoup pour une seule femme, qui se tourne alors vers Michael Tolliver, son vieil ami fidèle. Ben, le « mari » de celui-ci, voit d’un assez mauvais œil une femme s’installer chez eux. Il sait cependant qu’elle ne menace pas leur couple et se montre assez compréhensif pour apporter lui aussi son soutien à Mary Ann.
Au fond, Armistead Maupin montre comment une communauté aux membres soudés par des aventures communes s’organise pour aider une amie pourtant hétérosexuelle. Au-delà des clichés, parfois présents malgré tout à travers quelques détails de la vie quotidienne, le romancier englobe la plupart de ses personnages dans une bulle de bien-être que les pires malheurs ne parviennent pas à faire éclater.
Vision idéale et irréaliste ? Peut-être. Par moments, on n’en est pas loin. Mais le talent de l’écrivain est tel qu’il happe le lecteur dans son univers confortable. On en viendrait presque à espérer devenir l’associé de Michael, quand bien même on ne se serait jamais occupé d’une entreprise de jardinage. Ou mieux connaître Anna, une femme extraordinaire qui était autrefois un homme. Ou encore avoir des problèmes d’utérus pour saisir l’occasion de mesurer l’amour et l’amitié qui nous entourent. Bon, n’exagérons pas.

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