Rue des Saints-Pères, chez Grasset, Myriam,
attachée de presse, me demande de patienter cinq minutes. Elle reçoit, dans
son bureau, Anne Berest, qui publie un roman à la rentrée. Elle sera un des
transferts de cette rentrée, puisqu’elle avait publié son livre précédent au
Seuil. Mais son éditrice, Martine Saada, a changé de maison, et l’écrivaine l’a
suivie, en témoignage de la relation forte qui s’installe parfois entre un
auteur et celui ou celle qui l’aide à publier le fruit de son travail.
Sur le bureau de Myriam, un livre attire
l’œil : La présidentielle, de
Patrick Besson, les portraits de politiciens qu’il a publiés avant l’élection
de François Hollande sur le site du Point,
hebdomadaire où il tient une chronique. Particularité de ces articles :
ils sont aussi des pastiches, écrits à la manière de Marguerite Duras, Françoise
Sagan, Georges Simenon et bien d’autres. Dans un voyage de quatre semaines, il
n’est pas raisonnable de se charger de livres, d’autant que les Pléiade pèsent
déjà. Mais Myriam a vu mon regard – Patrick Besson est un écrivain fréquenté
de longue date, avec lequel des relations amicales se sont installées – et elle
m'oblige presque à emporter l’ouvrage. Nous nous reverrons, plus tard, pour
évoquer la rentrée littéraire. Anne Berest et les autres…
Aujourd’hui, c’est avec
Elisabeth Barillé qu’il fallait caler, par l’intermédiaire de Myriam, un
rendez-vous plusieurs fois déplacé. Heure et lieu définitifs : 18h30,
place de Clichy, au Wepler. C’est grand, le Wepler, et nous ne connaissons pas.
Mais, quand une dame entre avec l’air de chercher quelqu’un, c’est elle. Sa
menthe à l’eau est d’un vert plus clair que la bouteille de mon quart Perrier, et les
couleurs de la conversation sont celles de la Russie dont elle a rapporté son
dernier livre, Une légende russe. Elle
était partie sur les traces de Lou Andreas-Salomé qui a accompli un voyage de
quatre mois en 1900. Elisabeth Barillé est revenue avec un éclairage nouveau
sur une histoire familiale. Et un jugement moins sévère sur Troyat, écrivain
français d’origine russe qu’adorait sa mère, à qui elle doit d’ailleurs son
prénom : un de ses romans s’intitule Tendre
et violente Elisabeth.
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