Dans l'épisode précédent (Le diable vit à Notting Hill), on avait laissé
la petite faune friquée de Rachel Johnson dans l’oasis londonienne de Notting
Hill, le quartier chic où le beau monde s’épie et rivalise de prétention. Mimi
et Ralph ont embarqué leurs enfants et leur chienne dans une nouvelle
aventure : s’installer à la campagne, loin des boutiques de marques et des
cafés branchés. La vraie vie, en somme !
Oui. Mais, à l’exception du
cadre qui a perdu son élégance citadine, la vie dans le Dorset ressemble
furieusement à celle de Londres. Pour le faire bref, et au risque de se
répéter : tout le monde s’épie et rivalise de prétention. Les ragots
fonctionnent aussi bien, voire mieux, qu’à la ville. Et, de toute manière,
l’Aga, top du top de la cuisinière anglaise, summum du luxe qui ne veut pas
ressembler au luxe, reste le cœur d’une maison convenable.
Pour ne rien arranger, les
échos de Notting Hill parviennent jusque-là (ben oui ! l’email fonctionne
même à la campagne !). Au grand désespoir de Mimi qui ne sait si elle doit
regretter ses habitudes d’il n’y a pas si longtemps ou continuer à se battre
pour affirmer, au mépris de la vérité, qu’elle est enfin heureuse. Quand elle
bavarde avec Rose, sa nouvelle confidente, et accessoirement la femme la plus
libre des environs, elle découvre un véritable abîme, dans lequel elle est un
peu perdue. Car les codes qu’elle avait rejetés sont presque les mêmes, à peine
transposés d’un lieu à un autre.
Rachel
Johnson, sœur du maire de Londres, a la dent féroce et s’amuse à caricaturer
les travers de ses contemporains. Le Diable vit à la campagne est un genre de « chick lit », en
version haut de gamme. Un peu comme l’Aga, si vous voulez. Les conversations
sont des modèles de perfidie, où les fleurets ne sont pas toujours mouchetés.
Mimi possède les qualités et les défauts d’une garce rentrée, qui regarde la
culpabilité des autres en oubliant la sienne. C’est savoureux comme un plat
traditionnel remis au goût du jour par l’adjonction de quelques épices
exotiques.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire