Un chemin de halage peut être un piège pour une adolescente,
quand il prend à Mo Hayder l’envie de l’y emmener se promener. Dans un monde violent,
les vies les plus banales offrent des aspérités sur lesquelles la lumière
accroche, révélant des énigmes sordides et provoquant des événements qui
obligent les personnages à se surpasser. Il en va ainsi pour Sally et Zoë, deux
sœurs qui ne se voient plus depuis longtemps, rapprochées pour protéger Millie,
la fille de la première, d’une menace de plus en plus présente au fil des
pages. Et même une fois tournée la dernière d’entre elles …
Divorcée, Sally est empêtrée dans les problèmes d’argent.
Millie souffre de ne pas partager les loisirs de ses amis du lycée, et est
imprudemment devenue la débitrice d’un dealer. Celui-ci ayant tourné des films
pornographiques pour un homme chez qui travaille Sally. Et au service duquel
Zoë, devenue inspecteur de police, a autrefois été stripteaseuse… Les nœuds
sont serrés, ainsi qu’il en va souvent dans une ville de province, Bath en
l’occurrence, où les trajectoires des uns et des autres ne cessent de se
croiser.
Dans un premier temps, Mo Hayder construit sa pelote,
enchevêtrement inextricable dont la deuxième partie du roman démontera, fil à
fil, la complexité. Et avec une vitesse croissante au fur et à mesure que la
vérité se dévoile. La première question étant de savoir qui a tué Lorne, la
jeune fille du chemin de halage. Elle restera sans réponse jusqu’à la fin.
Car, et c’est là où Mo Hayder fait très fort, Zoë ne cesse
de se tromper. Ses raisonnements sont implacables, ils aboutissent cependant
toujours à des conclusions erronées. Si bien qu’on ne sait pas sur quel pied
danser quand, après avoir cru tout comprendre, il faut balayer ces fragiles certitudes
et retourner à la question initiale.
Les lames de tarot évoquées dans le titre, qui
apparaissent dès le début, en disent plus long que ne le voudrait Sally, leur
dessinatrice. Dommage pour Millie. Tant mieux pour nous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire