Adam, le héros de L'amour nègre, est le dernier homme plutôt que le
premier. Le digne fils de la mondialisation, de la peoplelisation, de la
marchandisation. Né dans un petit village africain, adopté par un couple de
célèbres acteurs américains – ou plutôt acheté contre un écran plat –, il découvre
la vie luxueuse à Hollywood, croise des vedettes, accueille les autres enfants
de ses deuxièmes parents au fur et à mesure que croît leur frénésie d’adoption.
Adam s’adapte à tout, et même à un troisième père, le sosie de George Clooney,
quand Matt et Dolorès se débarrassent de lui après qu’il a engrossé sa sœur,
Ming.
Africa et America, les deux premières étapes de sa vie, sont
suivies par les autres continents, Oceania, Asia et Europa, dans une succession
d’aventures qui s’accélèrent et le placent face au désir d’une femme plus âgée
comme à la répression policière.
Adam ne confond pas le coup de bambou et le coup du bambou –
il excelle dans celui-ci. Il capte toutes les musiques d’un livre dont la playlist occuperait plusieurs pages. Il
décline les marques les plus prestigieuses comme d’autres réciteraient leur
alphabet. Il est à lui seul la synthèse d’un monde qui court vers il ne sait
quoi (sa perte, peut-être ?), mais qui court.
On s’amuse même à ses malheurs, en se disant que le bonhomme rebondira
forcément. Comme Jean-Michel Olivier qui, après cinq romans publiés en Suisse,
a lui aussi traversé quelques frontières en décrochant, avec ce roman, le prix Interallié 2010. A la surprise générale: il était loin d'en être le favori et son éditeur, ou plutôt ses éditeurs (les Editions de Fallois et l'Age d'Homme) n'appartiennent pas au cercle très fermé des lauréats habituels des prix français d'automne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire