Vous n'en avez pas assez? En voici encore. Et ce n'est pas fini.
Pierre Singaravélou (dir.), Les empires coloniaux
La colonisation, une
histoire à sens unique comme on l’écrivait pendant et juste après, c’est bien
fini. Les chercheurs, désormais pluridisciplinaires et ouverts à la diversité
des cas à travers le monde, apportent bien des nuances à l’ancienne vision
monolithique. L’interaction entre le colonisateur et le colonisé, les races et
les classes, les enjeux économiques et de civilisation, voilà quelques lignes
de force d’un ouvrage collectif inédit qui oblige à réfléchir autrement. Tant
mieux.
Toni Morrison, Home
Toni Morrison jette
d’abord un voile sur l’histoire de Frank Money, soldat de la guerre de Corée
qui a échappé, dans l’armée, à la ségrégation raciale et retrouve les effets
désastreux de sa couleur de peau, noire, au retour dans le civil. Lancé dans
une traversée des Etats-Unis pour sauver sa sœur en danger, il livre peu à peu
tous ses secrets, jusqu’au dernier – terrible. Ce roman est un chant douloureux
qui remue en profondeur et apaise dans le même temps.
Patrick Deville, Peste & choléra
La vie formidable
d’Alexandre Yersin est devenue un roman à la hauteur de son sujet. Le
découvreur du bacille de la peste traverse, de 1863 à 1943, une époque que
Patrick Deville explore depuis quelques romans sur toute la planète. A petites
touches précises, les avancées de la science et les bouleversements politiques
se répondent dans un monde où le sens reste créé par les hommes. Et celui-ci,
avec toujours une idée d’avance sur ses actions, mérite vraiment qu’on s’y intéresse
de près.
Salman Rushdie, Joseph Anton
Le début est connu :
le 14 février 1989, Les versets
sataniques, le roman qu’avait écrit Salman Rushdie, vaut à celui-ci une
condamnation à mort. Ensuite, il est protégé, il ne sort que rarement de
l’ombre où il se cache. Quand il raconte ces années difficiles, il le fait à la
troisième personne, utilisant le pseudonyme pris dans la semi-clandestinité.
Cependant, il vit, fait des rencontres, écrit. Et il exerce, outre son sens de
l’analyse, son humour aigu.
Jonathan Coe, Désaccords imparfaits
Jonathan Coe pratique peu la nouvelle :
trois fois en quinze ans. Ajoutons-y un article qui rêve sur Billy Wilder,
c’est toute sa production dans le genre. Dommage qu’il n’y en ait pas davantage, on
en aurait bien repris. Une histoire de fantôme, une musique en accord avec un
lieu et qui aurait pu déboucher sur une autre vie, un festival de cinéma qui
tourne au règlement de compte : de belles lignes de fuite dessinées avec
précision puis s’épanouissent dans le flou.
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