Oui, la liste est longue - c'est qu'il en faut pour tous les goûts qui sont, on le sait, très différents d'un(e) lecteur-lectrice à l'autre. Une avant-dernière série, donc, avant de conclure.
Dave Eggers, Zeitoun
L’ouragan Katrina, qui a
frappé La Nouvelle-Orléans en 2005, est une source inépuisable pour les
écrivains. Peut-être parce qu’il a révélé, de la société américaine, ce qui
avait vocation à rester dans l’ombre. Inégalités et injustices se sont
trouvées, dans le cas de la famille Zeitoun, renforcées par l’ombre du 11
septembre 2001. L’enquête de Dave Eggers, implacable, éclaire d’inquiétantes
dérives de ce qu’on ose à peine appeler les droits de l’homme.
Nuala O’Faolain, Ce regard en arrière
Une formidable entrée en
matière avec, en 1986, la cérémonie de remise à neuf de la Statue de la
Liberté. Reagan est là avec Nancy, Mitterrand avec Danielle. Et Sinatra,
Mireille Mathieu, beaucoup d’autres. Mais Nuala O’Faolain ne trouve pas
vraiment l’Amérique qu’elle aimerait aimer. Elle l’exprime avec nuance et un
grand luxe de détail, comme sur les autres sujets des chroniques rassemblées
après sa mort. Une lucidité et une énergie qui font du
bien.
Richard Goolrick, Arrive un vagabond
A la fin des années 40,
Charlie Beale arrive dans une petite ville de Virginie. Aimable avec tous, ses
qualités de boucher en font un homme indispensable. En revanche, il ne parvient
pas à comprendre l’obsession de l’enfer qui nourrit les sermons des pasteurs.
C’est différent chez les Noirs, mais il n’y a pas sa place. Il n’aura plus
aucune place, de toute manière, quand sa liaison avec une femme mariée sera
connue de tous. Un roman passionné et tragique auquel sa couverture ne rend pas justice.
Henri Barbusse, Le Feu
Prix Goncourt 1916, Le Feu est un des romans emblématiques
de la Grande Guerre, grâce surtout à deux qualités rares. Il restitue
l’atmosphère oppressante, presque insupportable, des tranchées, avec leur
cortège quasiment ininterrompu d’horreurs. Il fait entendre les voix des soldats
dans leurs diversités régionales, accents compris, et aussi les jurons pour
respecter la vérité. Dommage que le livre se termine par quelques pages de
prêchi-prêcha, sans lesquelles il serait presque parfait.
Antonio Penacchi, Canal Mussolini
Avec Mussolini, les
trains arrivaient à l’heure, note-t-on souvent pour dire que tout n’allait pas
si mal en Italie sous le fascisme. Autre entreprise du « grand
homme » : assécher les marais pontins, en éradiquer la malaria et les
rendre cultivables. César, Néron ou Napoléon avaient déjà échoué. Dans les
lignes presque parallèles d’une idéologie et de parcours individuels, Antonio
Pennacchi retrouve toute une époque et son image déformée par la propagande.
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