Je faisais remarquer hier (je n'étais pas le seul, bien sûr, à avoir relevé cette singularité) que les jeunes juré.e.s du Goncourt avaient infléchi la tendance masculiniste des prix littéraires 2017 en ne retenant que des femmes dans leur dernière sélection. Le Renaudot des Lycéen.ne.s confirme que jeunes lecteurs et lectrices penchent vers une meilleure répartition des genres sous les lauriers. Kaouther Adimi, avec Nos richesses, est en effet leur lauréate, a-t-on appris hier soir.
Ce ne serait qu'un épisode anecdotique de la guerre des sexes, et pas nécessairement dans le champ littéraire, s'il ne s'agissait aussi d'un excellent roman, inspiré par la carrière de libraire et d'éditeur Edmond Charlot, installé jeune à Alger avec un minimum de moyens et un maximum d'enthousiasme.
Sa petite librairie devient un pôle culturel où se croisent, physiquement ou par leurs ouvrages, Jean Giono, Albert Camus, Jean Grenier, Antoine de Saint-Exupéry, Emmanuel Roblès, Vercors, j'en oublie dans l'effervescence qui règne malgré les difficultés d'une époque qui passe par la Seconde Guerre mondiale, puis par la guerre d'indépendance, et les années qui suivent ne sont pas beaucoup plus simples, d'autant que les ressources ne suivent jamais vraiment.
Kaouther Adimi regarde cette librairie, Les Vraies Richesses, au moment où un homme qui ne s'intéresse pas aux livres a été chargé de se débarrasser de tout ce qu'elle contient. C'est émouvant comme un monde voué à disparaître et qui pourtant s'accroche, fort de valeurs qui pour certains ont encore un sens.
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