Je ne sais pas très bien pour quoi ils comptent (sinon dans ma galaxie personnelle), mais on nous a beaucoup dit, cette semaine que oui, oui, les écrivains sont des gens d'importance dont il convient de mesurer l'influence (et pas, pour certains, le pouvoir de nuisance?).
Dans Marianne, un reportage nous emmène en Colombie, sur les traces de Gabriel Garcia Marquez, afin de prouver que le pays n'est pas seulement celui des cartels et de la drogue. Je suppose qu'on n'a pas demandé son avis au fantôme du Prix Nobel pour l'engager dans cette tournée promotionnelle.
Dans Vanity Fair, les 50 Français les plus influents dans le monde ne sont pas écrivains, on s'en doute. Sauf quelques-uns. Gaël Faye, treizième de la liste, Leïla Slimani, vingtième, Emmanuel Carrère, vingt-sixième.
Et...?
Et c'est tout. Voilà donc la place de la littérature dans l'espace de la relative domination française, plus économique que culturelle, n'en déplaise à Françoise Nyssen (je t'embrasse, Françoise).
Le classement repose, comme c'est souvent le cas, sur de mystérieux critères. Xavier Niel le domine du haut des sept pages qui lui sont consacrées. Vous pensez bien qu'en arrivant au-delà de la dixième place, un paragraphe suffit. Gaël Faye a vendu beaucoup de livres, les Polonais eux-mêmes se sont reconnus dans Petit Pays. Leïla Slimani, en chiffres, ce n'est pas mal non plus, mais c'est pour son enquête sur la sexualité au Maroc, semble-t-il, qu'elle a été placée là. Quant à Emmanuel Carrère, il passe actuellement plus de temps à recevoir des prix internationaux qu'à travailler à son prochain livre (c'est une supposition, pas une affirmation, peut-être nous réserve-t-il une bonne surprise).
Tous les palmarès sont ambigus. Celui-ci comme les autres. Et ils n'ont d'importance que pour ceux qui les conçoivent - parfois un peu aussi, quand même, pour ceux qui s'y retrouvent. Passons rapidement et retournons aux livres. Je suis plongé dans un gros roman de Patrick Grainville...
Emmanuel Carrère était cette année invité à la plus grande foire du livre d'Amérique latine à Guadalajara pour recevoir le Prix FIL (anciennement le Prix Juan Rulfo) et sa dotation de 150 000 dollars. A l'inauguration, il a lu un discours obscur, éparpillé et compliqué qui ne m'a pas du tout emballé.
RépondreSupprimerhttp://www.semana.com/cultura/articulo/discurso-de-emmanuel-carrere-feria-del-libro-de-guadalajara/548766
2 jours plus tard, dans une rencontre avec "1000 jeunes" il a répondu à ta question Pierre: "hay periodos en los que uno no sabe qué escribir, no es tanto el cómo escribir sino sobre qué escribir" "Il y a des périodes pendant lesquelles on ne sait pas quoi écrire. On a beau savoir écrire on ne sait pas sur quoi".