L'écrivain camerounais Patrice Nganang, né en 1970, a été arrêté le 6 décembre dans son pays d'origine, alors qu'il était sur le point de rentrer aux Etats-Unis, où il enseigne. Ne faisant guère dans la chronique juridique, non par manque de capacité à m'indigner mais par méconnaissance des sujets dont il peut être question quand on en arrive à des accusations précises (méconnaissance du dossier, aussi), je n'entrerai pas dans des explications qui n'en seraient pas en faveur ou en défaveur du détenu.
En revanche, si vous avez entendu parler de Patrice Nganang pour la première fois à cette occasion, je peux essayer de vous aider à comprendre quel écrivain il est, en vous disant quelques mots de Temps de chien, son livre le plus connu.
Sous-titré «Chronique animale», le roman de Patrice Nganang (prix Marguerite Yourcenar) est en effet la relation, au jour le jour, de la vie d'un quartier - ou plutôt d'un sous-quartier - de Yaoundé telle que la perçoit un chien. Son maître, aimé ou détesté selon les moments, tient un petit bar, haut lieu stratégique où tout se noue et se dénoue avec l'aide de l'alcool. Ce sont de longues conversations souvent absurdes dans lesquelles il est question de femmes et d'argent. Le quotidien n'est pas souriant, un humour franc y remédie. Mais Mboudjak, avec son regard de chien censé être plus objectif que celui des hommes, puisque soumis à d'autres contingences, est aussi un politique qui s'ignore. Et, sous couvert d'amuser par le grouillement d'anecdotes piquantes, Patrice Nganang fait aussi le constat de la pauvreté organisée.
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