Depuis 1987, Libération donne aux écrivains les manettes d'un quotidien, oui, un seul, on en viendrait presque à le regretter, à l'approche de ce qui n'est plus, je le rappelle pour les distraits, le Salon du Livre de Paris mais bien Paris Livre - pour ce que ça change, en ce qui me concerne, les distraits (dont je suis parfois, d'ailleurs) peuvent bien continuer à l'appeler comme ils le veulent.
Goncourt oblige, mais aussi proximité avec les thèmes sociaux qui émergent ces derniers temps jusqu'à balayer pas mal d'autres choses, Nicolas Mathieu a été élu (à l'unanimité du rédacteur en chef?) rédacteur en chef, précisément, de ce numéro collector et éditorialise donc, à propos de l'avenir compromis de notre bonne vieille Terre (de plus en plus vieille, de moins en moins bonne). Le Clézio, qui n'a jamais eu le Goncourt mais bien le Renaudot (et le Nobel, aussi, j'allais oublier) fait un portrait empathique de Greta Thunberg, la jeune militante suédoise contre le réchauffement climatique. Donc, on ne parle pas que de phénomènes sociaux, on voit plus loin que le coin (?) d'un rond-point coloré de jaune.
Les sujets sont, en gros, ceux d'un quotidien normal. L'actualité commande, c'est bien sûr, encore y fait-on des choix. Et, surtout, car voilà bien ce qui frappe le jour où les écrivains remplacent les journalistes, l'angle souvent inhabituel sous lequel les choses sont envisagées. Lisez le compte-rendu du procès Tapie par Laurent Chalumeau - peu de rapports avec la chronique traditionnelle d'une audience au tribunal et probablement, après tout, ne conviendrait-il pas de prendre ce ton tous les jours, mais que c'est bon!
Il y a même de la poésie dans le quotidien du jour, et ça, dommage que ce ne soit pas plus souvent. Et puis, quand Jean-Bernard Pouy parle de l'Algérie, c'est à la lumière de Mon amie Flicka, avec ses suites. Le Venezuela, vu par le même, renvoie à une comédie rassemblant Catherine Deneuve et Yves Montand, Le sauvage. Rafraîchissant!
Trente écrivains pour vous servir les nouvelles du jour avec un œil neuf, comme certains chefs sont capables de revisiter des recettes traditionnelles. Et dire qu'il faudra attendre un an pour retrouver pareille lecture. Enfin, non, entre-temps, il y a aura des livres.
P.-S. Je crois que c'est la première fois que je me trouve cité dans Le Libé des écrivains. Pas de quoi, cependant, en tirer une grande fierté: ce n'est pas dans un texte d'écrivain, c'est dans une publicité...
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