La semaine se termine comme elle avait commencé, par un prix pour Alain Blottière et Comment Baptiste est mort. Lundi, c'était le Prix Décembre, aujourd'hui, c'est le Jean-Giono. L'exception confirme la règle selon laquelle seuls les livres parus à la rentrée littéraire ont véritablement des chances pour les prix d'automne - celui-ci est paru en avril.
Les deux premières phrases, en forme de dialogue, démentent
le titre et, tout de suite, l’expliquent. Quelqu’un demande à Baptiste, qui
n’est donc pas mort, comment cette histoire a commencé. Baptiste répond : « Maintenant je m’appelle Yumaï. »
Il n’y a plus de Baptiste, rebaptisé par un mystérieux « ils » dont
son interlocuteur voudrait le détacher.
Baptiste/Yumaï revient de si loin qu’il n’en reviendra
jamais. Tout le livre est un interrogatoire, un « debriefing » comme
en subissent les otages libérés après un temps de captivité chez des
terroristes. Ceux-ci étaient dans le désert, où Baptiste et sa famille
voyageaient avant d’être faits prisonniers. Seul Baptiste s’en est sorti. Et il
semble fuir devant les questions. Que cache-t-il, qu’invente-t-il, où est la
vérité ?
On y viendra, à cette vérité, et encore sera-t-elle plus
sous-entendue qu’exprimée franchement. Car Baptiste a raison quand il dit qu’il
est mort. Il n’y a plus que Yumaï. « Je
suis un monstre, moi aussi, je ne peux vivre qu’avec eux »,
lâche-t-il.
Alain Blottière réussit à faire passer ce qui ne peut s’énoncer,
contournant les faits, et malgré tout il les décrit par fragments, si bien
qu’on s’en fait une idée. Imprécise, mais terrible. Le mécanisme de mise au
jour des événements est douloureux pour le jeune garçon, pour son interrogateur
et pour le lecteur. Mais il est fascinant.
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