Quand il ne travaille pas avec Jérôme Prieur à des films et
à des ouvrages historiques sur la religion, Gérard Mordillat se laisse aller
à son naturel : il remonte au front de la défense des petits contre les
gros, pour le dire en simplifiant. D’où La Brigade du rire, inspirée mais décalée des Brigades rouges. Car, si l’envie
de meurtre affleure parfois chez les plus enragés de la bande, personne n’ira jusque-là.
La bande est constituée de sept copains qui, au lycée,
formaient une redoutable équipe de handball. Parce qu’ils étaient en bonne
condition physique, certes, mais surtout parce qu’ils formaient un groupe soudé
par un désir commun de révolte devant une société sclérosée. Trente ans après
leur plus belle victoire, Dylan a eu l’idée des retrouvailles. Non sans une
légère inquiétude : n’ont-ils pas remisé leur rage au grenier des
illusions ? Tous sont soulagés de constater qu’il n’en est rien. Il manque
un élément au groupe, Bob, qui s’est suicidé et dont la compagne, Victoria, a
répondu à l’invitation.
Après un bref moment de gêne, car les garçons avaient prévu
de rester entre eux, Victoria fait mieux que s’intégrer : elle est en
première ligne pour désigner la cible de leur action commune, puisqu’il faut faire
quelque chose au lieu de se laisser
manipuler par les hérauts du capitalisme. En voici un, tout désigné pour servir
d’exemple : Pierre Ramut, éditorialiste vedette de Valeurs françaises, sans cesse à cogner sur les travailleurs et
leurs revendications démesurées, coupables de l’écroulement de l’économie
nationale.
La Brigade du rire, qui a envie de se marrer, l’enlève et le
met au travail dans un bunker aménagé en atelier. Il est chargé de forer des
trous dans des cornières, en rythme et pour un salaire de misère. L’idée est
séduisante, mais son ironie s’épuise dans la durée. Il faudra trouver le moyen
d’en sortir avec le même humour féroce.
Le romancier s’en donne à cœur joie, fournit à ses personnages des existences individuelles assez complexes pour donner l’impression que nous les connaissons bien. Et que nous méritons de rire en leur (bonne) compagnie.
Le romancier s’en donne à cœur joie, fournit à ses personnages des existences individuelles assez complexes pour donner l’impression que nous les connaissons bien. Et que nous méritons de rire en leur (bonne) compagnie.
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