Un seul roman en commun dans les dernières sélections du Goncourt et du Renaudot. C'est peu commun. Le livre lui-même, d'ailleurs, est peu commun (d'accord, c'est la dernière fois que j'utilise le mot, jusqu'à la prochaine): vingt ans de conflits racontés dans le premier roman d'Alexis Jenni, L'art français de la guerre. Un auteur inconnu au bataillon (c'est le cas de le dire), un volume qui fait le poids (plus de 600 pages), l'écho souvent évoqué du premier roman de Jonathan Littell, Les Bienveillantes (mais je suis comme Laurent Binet, l'auteur de HHhH, je trouve que Littell a été largement surévalué), le centenaire de Gallimard où il est publié (bien que le nom de famille de Gaston n'ait été adopté qu'en 1919, après une période d’Éditions de la Nouvelle Revue Française), l'intérêt quasi unanime pour ce livre (sélectionné aussi au Goncourt, où il semble favori d'une courte tête, au Médicis et au Femina), n'en jetez plus!
Le Limonov d'Emmanuel Carrère, à mes yeux le meilleur roman de la rentrée, est toujours dans la liste du Renaudot, mais donne-t-on un prix parce qu'un livre est excellent?
Le système Victoria, d’Éric Reinhardt, l'accompagne, ample fresque sociologico-érotique construite comme un thriller, avec effet d'annonce qui donne envie d'aller jusqu'à la fin.
Et aussi Tout, tout de suite, de Morgan Sportès, qui vaut surtout pour son sujet, et beaucoup moins pour la manière dont celui-ci est traité.
Et enfin l'inattendu Assommons les pauvres!, de Shumona Sinha, seul livre mince dans cette sélection de pavés, seul livre aussi que je n'ai pas lu à ce jour, et sur lequel je m'abstiendrai donc, provisoirement, d'émettre le moindre avis.
Comme ce sont des courageux, au jury Renaudot, ils attribueront aussi, le 2 novembre, un prix de l'essai. Il ira à Michel Crépu (Le souvenir du monde), Gérard Guégan (Fontenoy ne reviendra plus) ou Sylvain Tesson (Dans les forêts de Sibérie). Je viens d'ouvrir le livre de Sylvain Tesson, très prometteur, mais je ne sais des autres que ce que j'en ai lu ici ou là.
Comme ce sont des infatigables, au jury Renaudot, ils attribuaient aussi, ces dernières années, un prix du poche (Fabrice Humbert en 2010). Mais, comme ils n'en disent pas grand-chose, lisant peut-être en secret, on attendra la semaine prochaine pour savoir s'ils maintiennent cette excellente initiative.
De tout ce dont je ne parle pas ici à propos des prix littéraires, les amateurs de listes trouveront un écho dans la page des prix littéraires 2011 que je tiens, autant que possible, à jour.
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