Au moment où no comment® éditions réédite, sur papier, Roman Vrac, premier roman de Jean-Claude Mouyon, la Bibliothèque malgache reprend en édition numérique les quatre fictions d'un écrivain pour qui le grand Sud de Madagascar était non seulement un lieu de vie mais aussi - et surtout - une source d'inspiration. Auteur de pièces de théâtre et radiophoniques, Jean-Claude Mouyon a été journaliste et s'est consacré à l’écriture dans le sud-ouest de Madagascar où il avait posé son sac. Il est mort le 22 décembre 2011.
Roman Vrac - Il faut les voir ces perdus de l’existence, Tai Be, l’Archi, LR, Caca Citron, le narrateur et tant d’autres… les voir pour croire en leur destinée au fin fond de nulle-part-sur-rien dans le sud squelettique de Madagascar. En prise directe avec le quotidien de leurs amis autochtones et la réalité abrupte d’un pays à la fois magique et désespérant. Une relation passionnelle. Ces trois courts romans réunis sous le titre générique de Roman Vrac, drôles, mordants, tragiques, reflètent les affres mais aussi les joies que connaissent les étrangers du monde entier. Et comme dit l'autre, si on n'est pas entrés dans l'histoire on reste becs et ongles bien ancrés dans la vie. Et qu'on se marre!
Beko ou La nuit du Grand Homme - Pratiqué dans les régions Sud de Madagascar, le beko est un chant polyphonique a capella généralement interprété par un groupe d’hommes, nommés sahiry, composé d’un récitant et de choristes. Perpétué depuis la nuit des temps par les ethnies du Grand Sud, le beko fait résonner sa litanie répétitive et gutturale durant les nuits où amis et famille du défunt sont réunis devant des feux et des bassines de rhum pour accompagner l’esprit du mort dans sa marche vers l’Est, là où vivent les ancêtres. Beko, le roman, n’est en rien une explication ethnologique du culte des ancêtres mais l’appropriation d’un fait social et culturel qui m’a permis de bâtir une fiction à partir de la structure rythmique et narrative d’une cérémonie revisitée en présence de ses acteurs : Grand Homme, le défunt ; les sahiry ; les vivants. Sur le thème d’une histoire policière inspirée d’un fait divers réel, Beko ou La nuit du Grand Homme se veut aussi un chant, une musique à la fois tendre et violente dédiée à l’extrême Sud de Madagascar et aux hommes libres qui y vivent, ceux qui souffrent mais ne pleurent jamais. (Jean-Claude Mouyon)
Carrefour - Carrefour est un livre bref, mais sa petite centaine de pages est bourrée de dynamite. Il se passe au cœur du cœur d'une ville dont le nom n'est pas donné (mais il est sur toutes les lèvres), c'est-à-dire près d'une gare routière, à la fin d'une route nationale que croise une rue plus locale grouillant de vie. Particulièrement ce jour-là, puisque s'y déroulent en même temps la préparation d'une campagne électorale et l'arrivée d'un reggaeman de réputation internationale. Jean-Claude Mouyon lâche les mots au rythme d'une mitrailleuse. Il multiplie les situations improbables. Et son humour fait mouche à chaque page. On sort de Carrefour essoufflé et heureux d'avoir vécu des moments inoubliables. Voici comment l'auteur présente lui-même son texte: Cette histoire je l'ai voulue joyeuse, jouissive, violente, excessive, habitée d'une tendre tristesse proche de la désespérance paradoxalement heureuse d'une population admirable. C'est l'histoire de la vie d'un carrefour sublime sans rond-point ni sens interdit où tout semble permis. Un carrefour fréquenté par des riverains exubérants qu'on n'invitera jamais à celui de l'Odéon ni au rond-point qui mène à l'Élysée. Mais là n'est pas le propos. Quoique… Ici aussi les personnages existent, le pays et les événements également mais ne comptez pas sur moi pour dénoncer qui que ce soit. Ainsi va la vie…
L'Antoine, idiot du Sud - Les trois courts textes qui constituent la trilogie de L’Antoine, idiot du Sud ont pour particularité d’être en apparence inachevés. Disons qu’ici l’auteur s’est amusé à jeter les bases de ce qui aurait pu constituer un seul roman, à jeter des fils et brouiller les pistes pour au final laisser le lecteur face à une œuvre abandonnée à son propre devenir. Un personnage et ses proches. Le Sud. Le quotidien. Trois ingrédients récurrents dans chacune de ces histoires qui sont autant de déclinaisons d’une idée romanesque reposant sur un unique socle. L’idée étant d’en avoir plusieurs et d’en proposer autant… Le concept aurait pu se dérouler à l’infini dans une série intitulée « Les aventures d’Antoine » mais trois longues nouvelles ou trois courts romans, au choix, c’est déjà bien suffisant, non ? Puisse la présence d’Antoine (dit l’idiot du Sud) tisser un lien de complicité avec ses lecteurs lesquels, je crois le savoir, ne sont avares ni de sens de l’humour ni de celui de gravité. Merci. Je vous laisse car Baba vient d’ouvrir. (L'auteur)
6,99 euros le volume
Beko ou La nuit du Grand Homme est disponible en édition papier dans toutes les bonnes librairies de Madagascar
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire