Excellente initiative de l'Institut français: demander à Bernard Magnier, qui baigne là-dedans depuis longtemps, un Panorama des littératures francophones d'Afrique (téléchargeable gratuitement, merci l'Institut français!) pour servir d'introduction à un continent d'écrivains.
Beaucoup d'entre eux sont injustement méconnus même si les prix littéraires - souvent décriés - ont en partie rempli leur rôle en offrant à une minorité des coups de projecteur bienvenus. Scholastique Mukasonga en a bénéficié cette année avec le prix Renaudot attribué à Notre-Dame du Nil et elle est déjà présente dans le panorama avec son premier livre, Inyenzi ou Les cafards. On croisera aussi, présents dans différents palmarès, Alain Mabanckou, Tahar Ben Jelloun, Yambo Ouologuem, Ahmadou Kourouma, Tierno Monénembo, Emmanuel Dongala, Calixthe Beyala, Léonora Miano... L'un d'entre eux, Tahar Ben Jelloun, est académicien - Goncourt - et deux académiciens de la véritable Académie française les rejoignent: Léopold Sédar Senghor et Assia Djebar. On voit que l'auteur ratisse large, dans tout l'espace du continent africain et dans le temps - il commence sa récolte dans les années 1930.
Bernard Magnier a choisi des regroupements thématiques. Ils sont à la fois pertinents et assez lâches pour permettre de ranger tout le monde - 150 écrivains pour 250 titres. Les notices sont brèves mais quelques lignes bien écrites suffisent à donner une idée assez fine de chaque ouvrage.
Bref, en un peu plus de cent pages, c'est un formidable outil de référence, intelligent et présenté très agréablement.
Je ne ferai à Bernard, en toute amitié, que deux reproches mineurs. L'absence de Raharimanana me semble incompréhensible. Et les notices sur les écrivains auraient gagné à ne pas être répétées chaque fois qu'un de leur livre est signalé - puisque le document, au format PDF, est farci de renvois, il était possible de les grouper dans une section particulière.
Effectivement, le mot clef "Madagascar" en recherche dans le document ne renvoie qu'à un quartier de... Yaoundé. Peut-être que la grande île ne fait pas partie de l'Afrique dans l'inconscient de l'auteur. Moi aussi cet oubli me semble incompréhensible... et ce n'est pas un reproche mineur.
RépondreSupprimerSi, si, "reproche mineur", je maintiens l'expression. Pour au moins deux raisons.
RépondreSupprimer1. Toute lecture d'un livre de ce genre par le petit bout d'une lorgnette ancrée à l'intérieur de frontières, quand bien même ces frontières seraient des plages, est évidemment faussée par rapport à la vue d'ensemble qui est le but de l'ouvrage.
2. Je n'ai aucune inquiétude sur l'état de l'inconscient de l'auteur.
Donc, qu'il n'ait pas retenu d'écrivain malgache ou d'origine malgache ne me trouble pas plus que cela - ce n'est pas un palmarès sous drapeaux. Qu'il n'ait pas retenu Raharimanana me trouble quand même un peu - pour des raisons de qualité littéraire.
On est bien d'accord concernant Raharimanana. Que le pays qui a vu naître Rabearivelo soit absent d'un panorama des littératures africaines me choque sur un mode non mineur, même s'il est vrai que j'observe le panorama littéraire depuis le bout de ma lorgnette malgache.
SupprimerMerci de ce lien, je me penche sur la question avant d'autres commentaires.
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