Du 20 au 24 février, le rendez-vous annuel de la Foire du Livre, créée en 1969 - bien avant le Salon de Paris -, se tient à Bruxelles, à Tour & Taxis, lieu vers lequel les pas des visiteurs conduisent désormais tout naturellement après d'autres époques.
Depuis plus de dix ans, la SNCB (les chemins de fer, pour celles et ceux qui, hors du petit territoire belge, ne connaissent pas cette abréviation) offre un recueil de textes écrits par des écrivains belges. Le millésime 2014 de Compartiment auteurs a été distribué cette semaine, au départ de plusieurs gares, à 20.000 voyageurs. Ceux-ci ont découvert six nouvelles qui sont loin d'être des fonds de tiroir.
Je m'arrête sur deux d'entre elles, qui m'ont plus particulièrement frappé - mais, comme c'est toujours le cas devant un recueil collectif où le ton change en même temps que la signature toutes les huit pages, chacun a le droit de faire un choix différent.
Paul Colize raconte un Dernier voyage - mais pas en train. Fidèle à sa manière noire, il met en scène un tueur professionnel, exécuteur amoureux du travail bien fait, qu'on appellera Viktor comme le fait Monsieur, son généreux donneur d'ordres. Il va de soi qu'il ne s'appelle pas davantage Viktor que Monsieur ne s'appelle Monsieur, mais on comprend que, dans ce genre d'affaire, il n'est pas inutile de s'avancer masqué. Ce sera la dernière mission de Viktor avant la retraite. La routine, ou presque. Il n'aura pas beaucoup de temps, il faudra viser juste. Son savoir-faire est à la hauteur, aucun doute là-dessus. Les préparatifs sont décrits avec autant de précision que Viktor en met lui-même dans les moments précédant l'action. On est avec lui, dans ses gestes mesurés, calculés. Et, pas davantage que lui, on ne s'attend à ce qui arrive tout à la fin...
Nicolas Marchal joue habilement avec les finesses de la critique littéraire dans L'empreinte du Maître. Louis Malherbe, écrivain célèbre, annonce à son plus proche confident qu'il publiera son prochain et probablement dernier livre sous pseudonyme. Il tient celui-ci secret, personne ne le connaîtra. Un jour, il appelle le narrateur pour lui dire que c'est fait. Et, peu de temps après, Louis Malherbe meurt. Le défi proposé au lecteur est de taille: il s'agit de lire tout ce qui vient de paraître, en particulier les premiers romans, pour y retrouver la patte de l'écrivain, tâche d'autant plus complexe que celui-ci s'est illustré dans des genres très différents. A force de chercher, on trouve... sinon qu'il existe bien un auteur, pareillement admirateur de Louis Malherbe, et qui prétend avoir écrit lui-même le livre. Invraisemblable, aux yeux d'un connaisseur. Où cela conduit (loin), c'est ce qu'on découvre en quelques pages fortes.
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