La bataille pour Monastir a commencé
Salonique,
30 septembre.
Le combat est commencé ; c’est du lieu où il se passe
que je vous envoie ces notes. Le champ de bataille est étendu devant nous ;
c’est une vaste vallée entre de hautes montagnes. À gauche, on voit Florina ;
à droite, le Kaïmakalan, et, au fond, Monastir.
C’est un champ de bataille semblable à celui que doivent
imaginer les enfants ; tout est sous les yeux. D’abord, dans le lointain,
la ville à prendre, puis les lignes de défense des ennemis, puis les
ravitaillements ennemis, puis les ennemis eux-mêmes, et en face nos canons à
nous, et nos soldats à nous.
Si l’on désirait faire assister des souverains à une
bataille entière, sans que leur échappe ni un coup de canon, ni un coup de
fusil, ni un mouvement d’homme, c’est là qu’il faudrait les conduire. Ce champ
de bataille est un cirque où rien de ce qui s’y passe n’échappe aux yeux.
Les Bulgares se sont retirés à deux kilomètres au-delà.
Entre Florina et Monastir, à mi-chemin des deux villes, notre ennemi a établi
ses lignes de défense.
Le champ de bataille que je vous ai présenté tout à l’heure
est semé, entre Florina, Monastir et Kaïmakalan, d’une dizaine de villages qui
pointent de leurs minarets. Il y en a qui sont à nous, il y en a qui sont aux
Bulgares.
La bataille pour Monastir a commencé par une attaque de deux
de ces villages : Petorak et Vlafikoj.
L’artillerie prépara dès le matin. Les deux villages furent
bombardés richement. Je les voyais au milieu de leurs arbres étouffer sous les
fumées blanches et noires des shrapnells et des obus. Les Bulgares cherchaient
nos batteries. Le bombardement cessa, une section déployée marcha sur Petorak,
on la suivait facilement du regard. Pan !
La première colonne dépassa les premières maisons de
Petorak. En entrant à Petorak, nos soldats se trouvèrent devant le village
organisé en défense.
Le Petit Journal, 1er octobre 1916.
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