Les Éditions de l'Olivier se sont enracinées dans une terre fertile: celle de la littérature étrangère. Elles ne s'en sont pas contentées. La preuve par cette rentrée.
Antoine Audouard, L'Arabe (20 août)
Le jour, il travaille sur un chantier de terrassement. La nuit, il dort dans une cave prêtée par un villageois. Pourquoi se cache-t-il? On ne sait. Lorsqu'un meurtre est commis, les soupçons se portent sur lui, «l'Arabe». Une jeune femme un peu sauvage lui fait croire, le temps d'une nuit, à la douceur. Un commandant de gendarmerie s'efforce d'empêcher le lynchage qui se prépare. Personne ne sera capable d'arrêter la machine infernale.
Ce livre en forme de coup de poing peut être lu comme le récit d'un fait divers, ou plutôt d'un «fait de société» propre à la France de notre époque. Avec un très grand réalisme, Il décrit ce qui se passe lorsque les préjugés et l'arriération sociale d'une population abandonnée de tous débouchent sur la violence.
Mais L'Arabe est aussi un grand roman «sudiste», où des personnages de Faulkner ou de Flannery O'Connor traverseraient des paysages à la Giono. Comme le Sud cher aux écrivains américains, celui d'Antoine Audouard est un vieux pays vaincu, peuplé de figures tour à tour tragiques ou grotesques. Écrit dans une langue mêlant le parler populaire à un lyrisme hautain, ce livre qui multiplie les dissonances et les ruptures de ton est l'oeuvre d'un écrivain accompli.
Antoine Audouard a publié la plupart de ses livres chez Gallimard. Sélectionné deux fois par l'Académie Goncourt - pour Adieu, mon unique et Un pont d'oiseaux -, il bénéficie depuis quelques années d'une attention grandissante de la part des libraires et des médias.
Thierry Hesse, Démon (20 août)
Pierre Rotko est grand reporter. Lorsque son père lui confie, après des années de silence, l'histoire de sa famille, il éprouve comme un sentiment de défaite. Cette histoire, c'est d'abord celle de ses grands-parents, Franz et Elena, des juifs russes assassinés par les nazis à Stavropol lors de l'invasion de l'Union soviétique. C'est aussi celle de l'exil de son père, en France, en 1953. Désormais, Pierre sait qu'une page de sa vie, la page du silence et du déni, s'est définitivement tournée. Il quitte travail et amie pour entreprendre des recherches, compulser des dizaines d'ouvrages, noircir des carnets. Pour qu'enfin son histoire lui appartienne. C'est dans cette fièvre que son «démon» se manifeste, comme une voix qui lui parlerait, la voix muette de Franz et Elena. Pierre veut faire lui-même l'expérience des abandonnés de l'Histoire. Et c'est à Grozny plutôt qu'à Stavropol que Pierre décide de se rendre. Grozny, ville en guerre dans une Tchétchénie écrasée une fois de plus sous la botte russe, et qui se révèle tragiquement parfaite pour vivre l'expérience de la désolation.
Dans ce livre au souffle épique défilent tour à tour le massacre des juifs d'Ukraine, la mort de Staline, l'attaque des Twin Towers et un attentat meurtrier dans un théâtre de Moscou, comme autant de scènes arrachées à un Vie et Destin contemporain. En mettant en scène des dizaines de personnages, de lieux, d'époques, en mêlant le romanesque à la réflexion historique, Thierry Hesse réussit un véritable tour de force littéraire et signe un roman résolument engagé.
Thierry Hesse vit à Metz. Il a publié deux romans aux éditions Champ Vallon, Le Cimetière américain, en 2003 (prix Robert-Walser), et Jura, en 2005.
Véronique Ovaldé, Ce que je sais de Vera Candida (20 août)
Quelque part en Amérique du Sud, dans l'île de Vatapuna ou à Lahomeria, trois femmes d'une même lignée semblent prédestinées à connaître le même sort: mettre au monde une petite fille et être forcée de taire à jamais le nom du père. Elles se nomment Rose, Violette et Vera Candida. Ce sont des femmes éprises de liberté mais enclines à la mélancolie, des femmes téméraires mais sujettes aux fatalités propres à leur sexe. Chacune à sa manière se bat pour faire honneur à ce qu'elles sont: des mères affranchies, bien décidées à se choisir elles-mêmes leur destin.
Dans cette fable éblouissante où le réalisme se mêle à la magie, on retrouve «tout» Véronique Ovaldé, son écriture enchantée, sa fantaisie et son goût pour le merveilleux. Ce que je sais de Vera Candida a l'envergure des histoires universelles.
De livre en livre, Véronique Ovaldé s'impose comme une des figures incontournables de la jeune scène littéraire française. Après des succès critiques et publics avec des romans comme Toutes choses scintillant et Les hommes en général me plaisent beaucoup, elle a définitivement séduit un plus large public avec Et mon cœur transparent, prix France Culture-Télérama 2008.
Alice Munro, Du côté de Castle Rock (nouvelles, 27 août)
Traduit de l'anglais (Canada) par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso
Du XVIIIe siècle à nos jours, Alice Munro retrace le destin de ses ancêtres, partis d'Écosse pour rejoindre la terre de toutes les promesses: l'Amérique. Menant l'enquête sur le passé familial, elle découvre des hommes et des femmes avides de liberté, qui ont tenté de se défaire des carcans de leur époque. Du côté de Castle Rock est aussi un portrait intime, celui de la jeune Alice qui s'évade dans la lecture et se prend au jeu de la fiction au point d'en faire son métier.
Mais ce n'est pas un livre de mémoires. Alice Munro nous raconte des histoires, tout en livrant leur part autobiographique au pouvoir de l'imaginaire. Elle pose sur ces vies minuscules ou légendaires son regard sensible d'écrivain, sans jamais perdre sa férocité.
Alice Munro est née en 1931 à Wingham, au Canada. Elle est l'auteur d'une douzaine de recueils de nouvelles et d'un roman, tous traduits dans le monde entier. Paru en 2008 aux Éditions de l'Olivier, Fugitives a créé l'événement lors de la dernière rentrée littéraire. Lauréate de nombreux prix, unanimement admirée (notamment par Joyce Carol Oates, Richard Ford ou Jonathan Franzen), elle est considérée comme l'un des plus grands écrivains anglo-saxons de notre époque.
Joseph O'Neill, Netherland (27 août)
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne Wicke
En 2006, le corps de Chuck est retrouvé au fond d'un canal à New York. À Londres, un banquier hollandais, Hans van den Broek, se souvient de l'amitié qui les a réunis, quelques années plus tôt. Flashback: au lendemain du 11 Septembre, Rachel quitte Hans (et New York) pour Londres, où elle est née, en emmenant leur fils avec elle. Perdu dans Manhattan, cette ville où il ne se sent plus chez lui, Hans rencontre Chuck, personnage bizarre, sorte de marginal aux goûts de luxe qui rêve de «lancer» le cricket à New York. Pendant un été, Hans partage l'optimisme et les projets délirants de son nouvel ami. Il ne comprendra Que plus tard la véritable identité de Chuck.
Ce très beau livre, souvent comparé à Gatsby le Magnifique, est à la fois une parabole sur la fin du rêve américain et un roman d'amour aux résonances poignantes. Il marque l'entrée d'un écrivain majeur sur la scène internationale.
Joseph O'Neill est né en 1964 à Cork, en Irlande. Ancien avocat au barreau de Londres, il vit depuis plus de dix ans à New York. Dès sa sortie en 2008, Netherland est entré dans la liste des best-sellers, porté par une critique unanÎme. Troisième livre de Joseph O'Neill (le premier publié en France), Netherland a reçu le Pen/Faulkner Award.
Charles Bock, Les enfants de Las Vegas (10 septembre)
Traduit de l'anglais par Pierre Guglielmina
Une nuit d'été à Las Vegas, Newell Ewing disparaît. Parti en virée avec son ami Kenny quelques heures plus tôt, il ne donne plus signe de vie. Au même instant, dans la ville saturée de néons, se croisent une fille au crâne rasé accro à la drogue, un livreur de films X, un dessinateur de BD fan de jeux vidéo et une strip-teaseuse en mal de gloire. Comme Newell, tous sont en rupture avec leur famille. Dans ce lieu créé de toutes pièces en plein désert, où la norme n'a plus aucun sens, ils tentent de tracer leur chemin, entre autodestruction et besoin de rédemption. Cette fresque spectaculaire est une plongée dans l'Amérique de la marge. Tel le Brooklyn de Selby, la «fabuleuse Vegas» devient l'envers du décor, la face sombre mais sublime du rêve américain.
Charles Bock est né en 1970 à Las Vegas, dans le Nevada. Il vit aujourd'hui à New York. Élève de Rick Moody à Bennington, il a fait une irruption fracassante sur la scène littéraire américaine, comme avant lui Zadie Smith et Gary Shteyngart. Grand succès critique et public, Les Enfants de Las Vegas est son premier roman.
Antoine Audouard, L'Arabe (20 août)
Le jour, il travaille sur un chantier de terrassement. La nuit, il dort dans une cave prêtée par un villageois. Pourquoi se cache-t-il? On ne sait. Lorsqu'un meurtre est commis, les soupçons se portent sur lui, «l'Arabe». Une jeune femme un peu sauvage lui fait croire, le temps d'une nuit, à la douceur. Un commandant de gendarmerie s'efforce d'empêcher le lynchage qui se prépare. Personne ne sera capable d'arrêter la machine infernale.
Ce livre en forme de coup de poing peut être lu comme le récit d'un fait divers, ou plutôt d'un «fait de société» propre à la France de notre époque. Avec un très grand réalisme, Il décrit ce qui se passe lorsque les préjugés et l'arriération sociale d'une population abandonnée de tous débouchent sur la violence.
Mais L'Arabe est aussi un grand roman «sudiste», où des personnages de Faulkner ou de Flannery O'Connor traverseraient des paysages à la Giono. Comme le Sud cher aux écrivains américains, celui d'Antoine Audouard est un vieux pays vaincu, peuplé de figures tour à tour tragiques ou grotesques. Écrit dans une langue mêlant le parler populaire à un lyrisme hautain, ce livre qui multiplie les dissonances et les ruptures de ton est l'oeuvre d'un écrivain accompli.
Antoine Audouard a publié la plupart de ses livres chez Gallimard. Sélectionné deux fois par l'Académie Goncourt - pour Adieu, mon unique et Un pont d'oiseaux -, il bénéficie depuis quelques années d'une attention grandissante de la part des libraires et des médias.
Thierry Hesse, Démon (20 août)
Pierre Rotko est grand reporter. Lorsque son père lui confie, après des années de silence, l'histoire de sa famille, il éprouve comme un sentiment de défaite. Cette histoire, c'est d'abord celle de ses grands-parents, Franz et Elena, des juifs russes assassinés par les nazis à Stavropol lors de l'invasion de l'Union soviétique. C'est aussi celle de l'exil de son père, en France, en 1953. Désormais, Pierre sait qu'une page de sa vie, la page du silence et du déni, s'est définitivement tournée. Il quitte travail et amie pour entreprendre des recherches, compulser des dizaines d'ouvrages, noircir des carnets. Pour qu'enfin son histoire lui appartienne. C'est dans cette fièvre que son «démon» se manifeste, comme une voix qui lui parlerait, la voix muette de Franz et Elena. Pierre veut faire lui-même l'expérience des abandonnés de l'Histoire. Et c'est à Grozny plutôt qu'à Stavropol que Pierre décide de se rendre. Grozny, ville en guerre dans une Tchétchénie écrasée une fois de plus sous la botte russe, et qui se révèle tragiquement parfaite pour vivre l'expérience de la désolation.
Dans ce livre au souffle épique défilent tour à tour le massacre des juifs d'Ukraine, la mort de Staline, l'attaque des Twin Towers et un attentat meurtrier dans un théâtre de Moscou, comme autant de scènes arrachées à un Vie et Destin contemporain. En mettant en scène des dizaines de personnages, de lieux, d'époques, en mêlant le romanesque à la réflexion historique, Thierry Hesse réussit un véritable tour de force littéraire et signe un roman résolument engagé.
Thierry Hesse vit à Metz. Il a publié deux romans aux éditions Champ Vallon, Le Cimetière américain, en 2003 (prix Robert-Walser), et Jura, en 2005.
Véronique Ovaldé, Ce que je sais de Vera Candida (20 août)
Quelque part en Amérique du Sud, dans l'île de Vatapuna ou à Lahomeria, trois femmes d'une même lignée semblent prédestinées à connaître le même sort: mettre au monde une petite fille et être forcée de taire à jamais le nom du père. Elles se nomment Rose, Violette et Vera Candida. Ce sont des femmes éprises de liberté mais enclines à la mélancolie, des femmes téméraires mais sujettes aux fatalités propres à leur sexe. Chacune à sa manière se bat pour faire honneur à ce qu'elles sont: des mères affranchies, bien décidées à se choisir elles-mêmes leur destin.
Dans cette fable éblouissante où le réalisme se mêle à la magie, on retrouve «tout» Véronique Ovaldé, son écriture enchantée, sa fantaisie et son goût pour le merveilleux. Ce que je sais de Vera Candida a l'envergure des histoires universelles.
De livre en livre, Véronique Ovaldé s'impose comme une des figures incontournables de la jeune scène littéraire française. Après des succès critiques et publics avec des romans comme Toutes choses scintillant et Les hommes en général me plaisent beaucoup, elle a définitivement séduit un plus large public avec Et mon cœur transparent, prix France Culture-Télérama 2008.
Alice Munro, Du côté de Castle Rock (nouvelles, 27 août)
Traduit de l'anglais (Canada) par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso
Du XVIIIe siècle à nos jours, Alice Munro retrace le destin de ses ancêtres, partis d'Écosse pour rejoindre la terre de toutes les promesses: l'Amérique. Menant l'enquête sur le passé familial, elle découvre des hommes et des femmes avides de liberté, qui ont tenté de se défaire des carcans de leur époque. Du côté de Castle Rock est aussi un portrait intime, celui de la jeune Alice qui s'évade dans la lecture et se prend au jeu de la fiction au point d'en faire son métier.
Mais ce n'est pas un livre de mémoires. Alice Munro nous raconte des histoires, tout en livrant leur part autobiographique au pouvoir de l'imaginaire. Elle pose sur ces vies minuscules ou légendaires son regard sensible d'écrivain, sans jamais perdre sa férocité.
Alice Munro est née en 1931 à Wingham, au Canada. Elle est l'auteur d'une douzaine de recueils de nouvelles et d'un roman, tous traduits dans le monde entier. Paru en 2008 aux Éditions de l'Olivier, Fugitives a créé l'événement lors de la dernière rentrée littéraire. Lauréate de nombreux prix, unanimement admirée (notamment par Joyce Carol Oates, Richard Ford ou Jonathan Franzen), elle est considérée comme l'un des plus grands écrivains anglo-saxons de notre époque.
Joseph O'Neill, Netherland (27 août)
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne Wicke
En 2006, le corps de Chuck est retrouvé au fond d'un canal à New York. À Londres, un banquier hollandais, Hans van den Broek, se souvient de l'amitié qui les a réunis, quelques années plus tôt. Flashback: au lendemain du 11 Septembre, Rachel quitte Hans (et New York) pour Londres, où elle est née, en emmenant leur fils avec elle. Perdu dans Manhattan, cette ville où il ne se sent plus chez lui, Hans rencontre Chuck, personnage bizarre, sorte de marginal aux goûts de luxe qui rêve de «lancer» le cricket à New York. Pendant un été, Hans partage l'optimisme et les projets délirants de son nouvel ami. Il ne comprendra Que plus tard la véritable identité de Chuck.
Ce très beau livre, souvent comparé à Gatsby le Magnifique, est à la fois une parabole sur la fin du rêve américain et un roman d'amour aux résonances poignantes. Il marque l'entrée d'un écrivain majeur sur la scène internationale.
Joseph O'Neill est né en 1964 à Cork, en Irlande. Ancien avocat au barreau de Londres, il vit depuis plus de dix ans à New York. Dès sa sortie en 2008, Netherland est entré dans la liste des best-sellers, porté par une critique unanÎme. Troisième livre de Joseph O'Neill (le premier publié en France), Netherland a reçu le Pen/Faulkner Award.
Charles Bock, Les enfants de Las Vegas (10 septembre)
Traduit de l'anglais par Pierre Guglielmina
Une nuit d'été à Las Vegas, Newell Ewing disparaît. Parti en virée avec son ami Kenny quelques heures plus tôt, il ne donne plus signe de vie. Au même instant, dans la ville saturée de néons, se croisent une fille au crâne rasé accro à la drogue, un livreur de films X, un dessinateur de BD fan de jeux vidéo et une strip-teaseuse en mal de gloire. Comme Newell, tous sont en rupture avec leur famille. Dans ce lieu créé de toutes pièces en plein désert, où la norme n'a plus aucun sens, ils tentent de tracer leur chemin, entre autodestruction et besoin de rédemption. Cette fresque spectaculaire est une plongée dans l'Amérique de la marge. Tel le Brooklyn de Selby, la «fabuleuse Vegas» devient l'envers du décor, la face sombre mais sublime du rêve américain.
Charles Bock est né en 1970 à Las Vegas, dans le Nevada. Il vit aujourd'hui à New York. Élève de Rick Moody à Bennington, il a fait une irruption fracassante sur la scène littéraire américaine, comme avant lui Zadie Smith et Gary Shteyngart. Grand succès critique et public, Les Enfants de Las Vegas est son premier roman.
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