Toute l’oeuvre romanesque de Paula Fox est imprégnée de son passé. Dans La légende d’une servante, elle recréait l’atmosphère cubaine de ses souvenirs d’enfance. Côte Ouest, traduit trente-cinq ans après son édition originale, fait d’Annie Gianfala le double de l’auteur dans son époque hollywoodienne.
Les paillettes de la capitale du cinéma ne sont pas absentes du livre, mais Annie ne les voit pas tous les jours. Arrivée à dix-sept ans pour retrouver son premier amour, qu’elle épouse, elle mène une existence très en marge des studios. Son quotidien est d’abord fait de petits boulots éreintants et mal payés. Sa santé n’est pas bonne. La relation avec son mari, non plus.
Au lieu d’une fée qui se penche sur son destin, quelques hommes s’intéressent à elle. Elle est jeune et jolie, un argument qui en vaut bien d’autres. Et l’époque se prête à une formation intellectuelle accélérée. Le Parti communiste américain est constitué de militants et d’intellectuels qui ne sont pas de bois. Les bruits de guerre, venus d’Europe, imposent une nouvelle lecture de l’équilibre du monde. Les scénaristes qui traînent dans les lieux les plus improbables sont parfois d’excellents passeurs de la littérature.
Sur ce terreau hétéroclite, Annie apprend à se construire une personnalité, à séduire, à devenir indispensable. Elle joue de ce qu’elle devient, comme un enfant teste son pouvoir face aux adultes. Procédant par essais et erreurs, elle trace un chemin qui, en cinq ans, lui donne une expérience suffisante pour, ensuite, prendre son envol. Le poids immatériel de ce bagage intellectuel et moral est symbolisé par ce qu’elle possède concrètement: elle voyageait très légèrement quand elle est arrivée, il lui faudra plus d’une valise pour emporter ce qu’elle a accumulé pendant ce temps…
Le personnage d’Annie, qui semble un peu inconsistant au début du roman – il n’est d’ailleurs pas le premier à apparaître –, prend de plus en plus de place dans le récit comme dans l’esprit du lecteur, qui l’accompagne avec un plaisir croissant.
Paula Fox n’est pas la romancière des grandes aventures. Elle ne cherche pas non plus l’effet de surprise. Elle se contente (mais c’est déjà beaucoup) de suivre au plus près son héroïne et de restituer ses émotions. La structure du récit n’est rien d’autre que le fil des années passées sur la Côte Ouest par Annie. La ligne n’est pas droite, elle épouse pourtant exactement des événements qui, sans peser sur l’histoire du monde, font l’histoire d’une femme. Dont Frederick Busch, dans sa préface, fait ce portrait lucide: «Vous recouvrez son corps, levez les yeux vers son visage, et elle regarde au fond de vous, elle vous comprend, et se comprend trop bien elle-même.»
C’est exactement ça.
Les paillettes de la capitale du cinéma ne sont pas absentes du livre, mais Annie ne les voit pas tous les jours. Arrivée à dix-sept ans pour retrouver son premier amour, qu’elle épouse, elle mène une existence très en marge des studios. Son quotidien est d’abord fait de petits boulots éreintants et mal payés. Sa santé n’est pas bonne. La relation avec son mari, non plus.
Au lieu d’une fée qui se penche sur son destin, quelques hommes s’intéressent à elle. Elle est jeune et jolie, un argument qui en vaut bien d’autres. Et l’époque se prête à une formation intellectuelle accélérée. Le Parti communiste américain est constitué de militants et d’intellectuels qui ne sont pas de bois. Les bruits de guerre, venus d’Europe, imposent une nouvelle lecture de l’équilibre du monde. Les scénaristes qui traînent dans les lieux les plus improbables sont parfois d’excellents passeurs de la littérature.
Sur ce terreau hétéroclite, Annie apprend à se construire une personnalité, à séduire, à devenir indispensable. Elle joue de ce qu’elle devient, comme un enfant teste son pouvoir face aux adultes. Procédant par essais et erreurs, elle trace un chemin qui, en cinq ans, lui donne une expérience suffisante pour, ensuite, prendre son envol. Le poids immatériel de ce bagage intellectuel et moral est symbolisé par ce qu’elle possède concrètement: elle voyageait très légèrement quand elle est arrivée, il lui faudra plus d’une valise pour emporter ce qu’elle a accumulé pendant ce temps…
Le personnage d’Annie, qui semble un peu inconsistant au début du roman – il n’est d’ailleurs pas le premier à apparaître –, prend de plus en plus de place dans le récit comme dans l’esprit du lecteur, qui l’accompagne avec un plaisir croissant.
Paula Fox n’est pas la romancière des grandes aventures. Elle ne cherche pas non plus l’effet de surprise. Elle se contente (mais c’est déjà beaucoup) de suivre au plus près son héroïne et de restituer ses émotions. La structure du récit n’est rien d’autre que le fil des années passées sur la Côte Ouest par Annie. La ligne n’est pas droite, elle épouse pourtant exactement des événements qui, sans peser sur l’histoire du monde, font l’histoire d’une femme. Dont Frederick Busch, dans sa préface, fait ce portrait lucide: «Vous recouvrez son corps, levez les yeux vers son visage, et elle regarde au fond de vous, elle vous comprend, et se comprend trop bien elle-même.»
C’est exactement ça.
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