Arléa ne se mêle pas aux premiers remous du mois d'août. Ses nouveautés arriveront tranquillement au mois de septembre. Certes, il y aura embouteillage...
Hélène Le Chatelier, Dernière adresse (3 septembre)
De ma naissance irlandaise, j’ai gardé le goût des grands espaces, des landes dévastées, des ciels lavés par la mer, des nuages gris au goût de sel.
J’ai atteint un âge presque canonique, beaucoup trop avancé pour que la décence m’interdise d’en faire part, bien qu’au fond cela me soit complètement égal.
Cette vieille dame irlandaise qui a tant aimé la vie n’a plus l’âge – ni l’envie – d’être raisonnable. Comment l’être quand on doit quitter sa maison pour toujours en laissant tout derrière soi ?
Mais il lui faut franchir le pas sous les yeux vigilants et inquiets de sa famille. Elle s’éloigne alors vers sa dernière adresse. Commence alors un douloureux face-à-face avec la solitude et les souvenirs, avec la dépendance physique, toujours mue par cet élan de vie qu’elle ne se résigne pas à abandonner.
Se regardant vieillir avec lucidité et ironie, elle revoit et revit les zones troubles de son enfance pour aboutir, peut-être, à un détachement plus serein.
Marie Sizun, Eclats d'enfance (3 septembre)
Il est des enfances dont il est difficile et parfois douloureux de retrouver le cadre. C’est pourquoi Marie Sizun a attendu des années avant de se décider à revoir ce quartier du XXe arrondissement où elle a grandi.
Soucieuse d’éviter «l’immeuble de briques rouges» du huis-clos familial, avec ses secrets et ses drames, c’est à travers les rues familières de ses parcours d’enfant qu’elle nous conduit, faisant lever les bons comme les moins bons souvenirs en autant d’éclats lumineux qui ressuscitent le Paris des années 1950, mais qui, surtout, racontent les émotions et les rêves qui font passer de l’enfance à l’adolescence, et orientent définitivement les choix de l’adulte.
Pourtant les rues d’avant étaient toujours là, dans la tendresse de leur tracé familier, la poésie de leurs noms, et la plupart des anciens immeubles, ceux qui n’étaient pas trop vieux, pas trop bas, et le ciel, et la couleur du temps, et la tristesse et la gaîté de ce quartier populaire, avec ses bruits bien à lui, ses cris et ses rires, cette étrange rumeur qui sourdait de l’air, des trottoirs, des murs, altérée peut-être, mais persistante derrière le bruit des voitures : c’était cette rumeur ancienne que j’entendais encore, la musique du quartier, celle que je connaissais, que je reconnaissais.
Ce récit authentique et poignant, mais toujours retenu, Marie Sizun l’a conçu comme un roman, et il se lit comme un roman.
Patrick Boman, Retour en Inde (10 septembre)
Hier soir, à l’aéroport, l’odeur de l’Inde était non pas celle, classique et célébrée par tous les bons auteurs, de l’encens, du piment, des fleurs pourries et des excréments, mais celle du désinfectant, un très rétro Crésyl en l’occurrence, et ce matin les odeurs de charbon sont prégnantes, puisque cette agglomération de treize millions d’habitants utilise pour l’essentiel du charbon.
Grand voyageur, Patrick Boman compte à son actif bien des allers et retours de par le monde.
Avec Retour en Inde, il nous livre les notes prises au cours d’un voyage dans le sous-continent entrepris après une longue absence dans le pays, dont le moins qu’on puisse dire est qu’il a subi des transformations majeures et inédites – mondialisation oblige.
Ce journal détaillé, de Calcutta à Bombay via Chandernagor, Bénarès et Goa, tord le cou à de nombreux clichés, sur la misère inexorable ou au contraire le trop rapide enrichissement, les délocalisations, l’informatisation, les castes, les rapports entre les différents groupes, etc.
Où l’on verra que la «plus grande démocratie du monde» n’a pas fini de nous étonner ni de bousculer les lieux communs…
Sans faire appel le moins du monde à l’exotisme, avec érudition et un humour très British, Patrick Boman sait déchiffrer pour nous les mystères de l’Inde.
Patrick Boman est né en 1948 à Stockholm, de mère française et de père suédois. Il vit à Paris, où il est journaliste technique pour un hebdomadaire national. Il a publié de nombreux récits de voyage, des romans policiers ayant pour cadre l’Inde des années 1900, un récit des guerres civiles centre-américaines du milieu du xixe siècle, une initiation à la typographie, un Dictionnaire de la pluie...
Olivier Boura, Jésus-Christ matador et autres nouvelles (10 septembre)
Olivier Boura est un homme du Sud, et pas de n’importe quel Sud. Marseillais, il a publié chez Arléa, Marseille ou la mauvaise réputation, La Nuit du Rhône, Un siècle de Goncourt et une anthologie : Les Atlantides, généalogie d’un mythe.
En homme du Sud il est aussi un aficionado convaincu, et il nous le prouve ici sans conteste et avec talent, en faisant appel à une culture taurine dénuée de pédanterie.
Si les neuf textes qui composent ce recueil, divers en temps et en lieux, évoquent, bien sûr, le taureau, ils ne se déroulent pas tous dans l’arène. De l’humour inattendu de la première nouvelle à la grande force d’émotion de la dernière, Olivier Boura nous donne à lire les nombreuses facettes de ses talents d’homme du Sud, d’aficionado et d’historien.
On sera sans doute étonné de croiser ici Mérimée débattant avec Stendhal, ou de découvrir, avec des navigateurs éberlués, une île peuplée d’enfants survivants d’un naufrage, qui ne sont pas sans évoquer les garnements de Sa majesté des mouches, et dont la cohabitation avec des taureaux tient du prodige…
Les sept nouvelles du recueil ont pour titre : Jésus-Christ matador, Soudain, Lydia, Le Gaucher, Blessure en miroir, Pasiphaé, Cargo Cult, Les Gradins et Le torero s’honore de la solitude.
Qu’on aime ou qu’on déteste les courses de taureaux, la maîtrise d’Olivier Boura, son style et son érudition emportent l’adhésion sur ce sujet qui, d’ordinaire, ne manque pas de dresser les uns contre les autres partisans et adversaires.
Hélène Le Chatelier, Dernière adresse (3 septembre)
De ma naissance irlandaise, j’ai gardé le goût des grands espaces, des landes dévastées, des ciels lavés par la mer, des nuages gris au goût de sel.
J’ai atteint un âge presque canonique, beaucoup trop avancé pour que la décence m’interdise d’en faire part, bien qu’au fond cela me soit complètement égal.
Cette vieille dame irlandaise qui a tant aimé la vie n’a plus l’âge – ni l’envie – d’être raisonnable. Comment l’être quand on doit quitter sa maison pour toujours en laissant tout derrière soi ?
Mais il lui faut franchir le pas sous les yeux vigilants et inquiets de sa famille. Elle s’éloigne alors vers sa dernière adresse. Commence alors un douloureux face-à-face avec la solitude et les souvenirs, avec la dépendance physique, toujours mue par cet élan de vie qu’elle ne se résigne pas à abandonner.
Se regardant vieillir avec lucidité et ironie, elle revoit et revit les zones troubles de son enfance pour aboutir, peut-être, à un détachement plus serein.
Marie Sizun, Eclats d'enfance (3 septembre)
Il est des enfances dont il est difficile et parfois douloureux de retrouver le cadre. C’est pourquoi Marie Sizun a attendu des années avant de se décider à revoir ce quartier du XXe arrondissement où elle a grandi.
Soucieuse d’éviter «l’immeuble de briques rouges» du huis-clos familial, avec ses secrets et ses drames, c’est à travers les rues familières de ses parcours d’enfant qu’elle nous conduit, faisant lever les bons comme les moins bons souvenirs en autant d’éclats lumineux qui ressuscitent le Paris des années 1950, mais qui, surtout, racontent les émotions et les rêves qui font passer de l’enfance à l’adolescence, et orientent définitivement les choix de l’adulte.
Pourtant les rues d’avant étaient toujours là, dans la tendresse de leur tracé familier, la poésie de leurs noms, et la plupart des anciens immeubles, ceux qui n’étaient pas trop vieux, pas trop bas, et le ciel, et la couleur du temps, et la tristesse et la gaîté de ce quartier populaire, avec ses bruits bien à lui, ses cris et ses rires, cette étrange rumeur qui sourdait de l’air, des trottoirs, des murs, altérée peut-être, mais persistante derrière le bruit des voitures : c’était cette rumeur ancienne que j’entendais encore, la musique du quartier, celle que je connaissais, que je reconnaissais.
Ce récit authentique et poignant, mais toujours retenu, Marie Sizun l’a conçu comme un roman, et il se lit comme un roman.
Patrick Boman, Retour en Inde (10 septembre)
Hier soir, à l’aéroport, l’odeur de l’Inde était non pas celle, classique et célébrée par tous les bons auteurs, de l’encens, du piment, des fleurs pourries et des excréments, mais celle du désinfectant, un très rétro Crésyl en l’occurrence, et ce matin les odeurs de charbon sont prégnantes, puisque cette agglomération de treize millions d’habitants utilise pour l’essentiel du charbon.
Grand voyageur, Patrick Boman compte à son actif bien des allers et retours de par le monde.
Avec Retour en Inde, il nous livre les notes prises au cours d’un voyage dans le sous-continent entrepris après une longue absence dans le pays, dont le moins qu’on puisse dire est qu’il a subi des transformations majeures et inédites – mondialisation oblige.
Ce journal détaillé, de Calcutta à Bombay via Chandernagor, Bénarès et Goa, tord le cou à de nombreux clichés, sur la misère inexorable ou au contraire le trop rapide enrichissement, les délocalisations, l’informatisation, les castes, les rapports entre les différents groupes, etc.
Où l’on verra que la «plus grande démocratie du monde» n’a pas fini de nous étonner ni de bousculer les lieux communs…
Sans faire appel le moins du monde à l’exotisme, avec érudition et un humour très British, Patrick Boman sait déchiffrer pour nous les mystères de l’Inde.
Patrick Boman est né en 1948 à Stockholm, de mère française et de père suédois. Il vit à Paris, où il est journaliste technique pour un hebdomadaire national. Il a publié de nombreux récits de voyage, des romans policiers ayant pour cadre l’Inde des années 1900, un récit des guerres civiles centre-américaines du milieu du xixe siècle, une initiation à la typographie, un Dictionnaire de la pluie...
Olivier Boura, Jésus-Christ matador et autres nouvelles (10 septembre)
Olivier Boura est un homme du Sud, et pas de n’importe quel Sud. Marseillais, il a publié chez Arléa, Marseille ou la mauvaise réputation, La Nuit du Rhône, Un siècle de Goncourt et une anthologie : Les Atlantides, généalogie d’un mythe.
En homme du Sud il est aussi un aficionado convaincu, et il nous le prouve ici sans conteste et avec talent, en faisant appel à une culture taurine dénuée de pédanterie.
Si les neuf textes qui composent ce recueil, divers en temps et en lieux, évoquent, bien sûr, le taureau, ils ne se déroulent pas tous dans l’arène. De l’humour inattendu de la première nouvelle à la grande force d’émotion de la dernière, Olivier Boura nous donne à lire les nombreuses facettes de ses talents d’homme du Sud, d’aficionado et d’historien.
On sera sans doute étonné de croiser ici Mérimée débattant avec Stendhal, ou de découvrir, avec des navigateurs éberlués, une île peuplée d’enfants survivants d’un naufrage, qui ne sont pas sans évoquer les garnements de Sa majesté des mouches, et dont la cohabitation avec des taureaux tient du prodige…
Les sept nouvelles du recueil ont pour titre : Jésus-Christ matador, Soudain, Lydia, Le Gaucher, Blessure en miroir, Pasiphaé, Cargo Cult, Les Gradins et Le torero s’honore de la solitude.
Qu’on aime ou qu’on déteste les courses de taureaux, la maîtrise d’Olivier Boura, son style et son érudition emportent l’adhésion sur ce sujet qui, d’ordinaire, ne manque pas de dresser les uns contre les autres partisans et adversaires.
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