vendredi 19 juin 2009

Haruki Murakami, écrivain et coureur

A mi-parcours environ de son Autoportrait de l'auteur en coureur de fond, Haruki Murakami s'inquiète: il se peut que le lecteur se contente de dire: "Je n'y comprend pas grand-chose!" En effet, il vaut probablement mieux avoir connu le genre de sport dont parle l'écrivain japonais pour le suivre dans ce journal où il met en scène le parallèle entre son travail de romancier et sa discipline de coureur.
Et là, j'ai de la chance: ma pratique (passée, certes) de la marche athlétique, si elle est fondamentalement différente dans le geste, est très comparable à celle de la course de fond. Dans la continuité de l'effort, dans son intensité, dans sa durée - comme Murakami, je n'ai jamais été un champion, ça se saurait, mais, comme lui, je me suis plié et j'ai plié mon organisme à un exercice physique quotidien, parcourant les kilomètres pendant des heures, résistant aux assauts du découragement, passant plus de cinq heures sur la route pour les compétitions les plus longues auxquelles j'ai participé - 50 kilomètres, lui est allé jusqu'à un ultra-marathon de 100 kilomètres. Tout nous rapproche. Sauf, bien entendu, son expérience de romancier - trop tard pour moi.
C'est comme romancier que je l'ai évidemment connu d'abord, ignorant tout de son goût pour la course. Plus qu'un goût, d'ailleurs, un véritable besoin, avec du relâchement pendant quelques années, avant d'y revenir malgré l'inévitable diminution physique de l'âge.
Tout est lié chez lui: la course, l'écriture et la vie:
Se consumer au mieux à l'intérieur de ses limites individuelles, voilà le principe fondamental de la course, et c'est aussi une métaphore de la vie - et, pour moi, une métaphore de l'écriture. Je crois que beaucoup de coureurs seraient d'accord avec cette définition.
La course de fond a fait de lui ce qu'il est aujourd'hui, écrit-il. Après l'avoir lu, j'en suis intimement convaincu. Cet autoportrait sous un angle singulier - et inattendu pour moi - est une pure merveille. Mais il ne cherche pas un seul instant à faire des disciples. La course est bonne pour lui, il se l'est prouvé. Il ne croit pas pour autant qu'elle est bonne pour tout le monde. Et rien ne le rend plus triste que de voir les élèves soumis à l'effort obligatoire lors des cours d'éducation physique. Laissez chacun s'exprimer à travers son corps comme il le sent, semble-t-il dire.
En ce qui me concerne, à défaut de commencer un roman, j'irais bien m'acheter des chaussures de sport...


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