Les débuts (suite)
Jeunes aspirants écrivains, méditez bien ceci : le
meilleur début que vous puissiez faire est d’aller boire des bocks à la Closerie des Lilas.
Vous nous
objecterez qu’il y a d’autres cafés littéraires, le Napolitain, le Cardinal,
le Café Américain sur la rive droite,
le Dôme, la Rotonde sur la rive gauche et d’autres encore, innombrables. Soit,
mais rien ne vaut en ce moment la
Closerie des Lilas.
Achetez un guide Joanne qui vous indiquera les
meilleurs moyens de locomotion pour vous y rendre, si vous ne connaissez pas
notre géographie parisienne. Dé préférence, choisissez un mardi soir après
dîner. C’est l’heure et le jour… où les écrivains vont boire !
La première
fois, restez bien sage dans votre coin, afin de vous familiariser avec les
lieux.
La deuxième fois, apostrophez vigoureusement, bruyamment (en vers ou en
prose) le garçon, s’il tarde à vous apporter le demi blonde ou brune que vous
aurez demandé. (Vous n’êtes pas obligé de boire de la bière, vous pouvez
déguster du thé, du tilleul, un export-cassis, de l’absinthe ou de l’eu de
Vichy.)
Vous êtes autorisé à offrir une ou plusieurs consommations aux
notabilités de l’endroit et… particulièrement à Paul Fort, le prince des
Poètes. Aucune présentation n’est nécessaire, allez-y hardiment. Toutefois le
nombre des aspirants étant grand, il est prudent de réclamer des numéros.
P.-S. La présentation de cette série d'articles publiés dans L'Aurore en 1914 se trouve ici. Ils ont été retrouvés grâce à Gallica.
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