L'académie Goncourt a-t-elle décidé de prendre prochainement des vacances? Le calendrier de l'année était bien établi: aujourd'hui, elle décernait son prix du premier roman, plus tard ce serait le temps de la nouvelle, sélection le 1er avril, attribution prévue le 6 mai. Et puis non, pas du tout, grand coup d'accélérateur entre la poire et le fromage: les deux prix ont été annoncés tout à l'heure.
A rebours de bien des pronostics et pour ma plus grande joie, Frédéric Verger est le lauréat pour le premier roman, avec son magnifique Arden, dont je vous ai dit en janvier tout le bien que je pensais. Je vous renvoie donc à cette note de blog, je n'ai pas changé d'avis...
Mais j'en entends déjà qui se demandent pourquoi Edouard Louis et son Pour en finir avec Eddy Bellegueule ne l'ont pas emporté. Alors que le livre marche si bien (en tête du classement des meilleures ventes de littérature chez Datalib devant, excusez du peu, Katherine Pancol), que la presse lui a offert des placards entiers de publicité d'articles, qu'il agite un profond débat de société sur ce qui différencie l'accueil, ici ou là, de l'homosexualité d'un fils et comment celui-ci le vit.
Ce n'est pas important ça? Si, c'est important.
Et ça ne méritait pas le Goncourt du premier roman? Non.
Non, parce que, littérairement, Edouard Louis n'a pas trouvé, malgré tout ce qu'on prétend, la bonne distance par rapport à son sujet - vous me direz: c'est lui-même son sujet, ce n'est pas facile, d'accord, mais il n'était pas obligé, après tout. Pour en finir avec Eddy Bellegueule est un livre intéressant et un roman pas très intéressant.
Dans ce que j'imagine (à tort peut-être) un débat entre la force d'un sujet et celle d'une écriture, comment voulez-vous que je ne me réjouisse pas puisque c'est l'écriture qui a, pour une fois, pris le dessus?
Quant au Goncourt de la nouvelle, il va à la Vie de monsieur Leguat, de Nicolas Cavaillès, dont je suis incapable de vous dire quoi que ce soit, puisque je ne l'ai pas lu.
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