Toutes les traditions ne sont pas bonnes à prendre. La plupart m'ennuient, pour rester poli. Mais si Libération renonçait un jour à son Libé des écrivains qui salue, depuis 1987, l'ouverture (demain) du Salon du Livre de Paris, ça me manquerait vraiment. (D'accord, moins que si Libération en venait à disparaître dans une guerre d'actionnaires.)
J'ai donc, aujourd'hui, lu un peu plus attentivement que de coutume un quotidien qui avait mis ses journalistes en congé - ou presque: le "making of" révèle que les journalistes étaient quand même là pour aider les écrivains. Les encadrer?
Maylis de Kerangal rédactrice en chef, ça a de la gueule. Comme Sébastien Lapaque au Brésil ou Sylvain Tesson à propos de la Crimée, de l'Ukraine, de Poutine, des dominos. Au passage, en voici deux qui n'ont pas la réputation d'appartenir à la famille naturelle de Libé, la gauche...
Fait-on du roman avec l'actualité? Un sujet sur lequel enquêtent les journalistes est-il transposable sous la plume d'un écrivain? Oui, bien sûr, ils font ça tout le temps, les écrivains. Mais rarement dans l'urgence. Avec le risque, en cours de journée, d'apprendre des faits nouveaux qui modifient l'angle. Car quel angle? Et pour combien de temps? Yves Pagès, habile, s'est défait des obligations du temps présent en se baladant en scooter dans Paris pour noter en quelques lignes des scènes sans date, et pourtant de la date du jour quand même, car ce qui n'est pas rapporté dans les journaux le reste de l'année nous en dit aussi long sur le réel que le reste.
Il y a ce Paul Bismuth, écrivain inconnu au bataillon du Salon du Livre mais pseudonyme célèbre d'un propriétaire de téléphone portable (et personne bien réelle aussi, par ailleurs), qui signe quelques articles. L'écrivain prend un masque dans une fiction générée par l'actualité. Il est à sa place dans ce journal. Il ne faudrait quand même pas que l'exercice se renouvelle trop souvent, il a des livres à écrire.
Je rappelle que cet événement annuel, je l'ai déjà dit mais ce sera l'occasion de placer le logo du Salon du Livre, coïncide avec la tenue dudit Salon, du 21 au 24 mars. Et oui, c'est aussi le printemps, mais je tiens pour acquis qu'il s'agit d'un pur hasard - ce qui n'est pas le cas de la coïncidence entre le Libé des écrivains et le Salon du Livre, vous suivez?
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