Les lycéens ne s'inquiètent probablement pas de l'éditeur des livres qu'ils aiment - je l'espère, du moins. Malgré cela, ils sont tombés encore sur un roman publié chez Gallimard. Mais un excellent roman, Du domaine des Murmures, de Carole Martinez.
Après Le cœur cousu, vaste feuilleton sensible avec lequel elle courait les routes et ramassait, au bord de celles-ci, quantité de lecteurs, elle resserré son propos et l'a enfermé avec son héroïne Esclarmonde dans une cellule dont celle-ci ne devrait plus jamais sortir, pour avoir refusé d'épouser le nobliau que son père lui destinait. Vouée à Dieu en ce 12e siècle où on aime les miracles faute de pouvoir beaucoup espérer dans la vraie vie, elle devient objet d'adoration et de scandale. Car, avant de devenir sainte, elle avait été violée (l'identité du violeur est la part de suspense du roman) et était entrée enceinte en réclusion.
Un livre de douleur et de joie mêlées, comme il arrive dans les vies de grands mystiques, même imaginaires. Encore qu'au fond, je ne sais pas si Carole Martinez a inventé ou non son personnage, et cela n'a d'ailleurs aucune importance puisque Esclarmonde existe pour ses lecteurs.
Le prix Femina va à un livre au contraire plongé dans la rumeur du monde, même si celle-ci nous semble déjà si lointaine. Jayne Mansfield 1967, de Simon Liberati, raconte la mort - et la vie, mais il commence par la mort - d'une vedette de deuxième catégorie, qui eut son heure de gloire mais était déjà, lors de l'accident, sortie du cercle de lumière où elle aurait voulu rester. Vie ratée, destinée pathétique, tout cela est raconté avec force détails dans lesquels on se noie parfois mais qui, accumulés, finissent par donner une forte impression de réel.
On savait à peine encore qui elle avait été, cette Jayne Mansfield devenue strip-teaseuse pour arrondir ses fins de mois, et voilà qu'elle nous devient familière.
Puisque c'est une journée très chargée pour les imprimeurs qui fabriquent les bandes rouges destinées, dès demain (dès cet après-midi?), à désigner les différents lauréats, j'ajoute que le prix Femina étranger a été attribué à Francisco Goldman (Dire son nom) et le Femina essai à Laure Murat (L'homme qui se prenait pour Napoléon).
En face du jury féminin, des hommes ont donné le prix Virilo à Eric Chevillard (Dino Egger) et le prix Trop Virilo - les hommes n'en font jamais trop - à Eric Reinhardt (Le système Victoria).
Ce sera tout pour aujourd'hui.
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