J'ai souvent parlé ici de l'importance que revêt, à mes yeux avides de lectures, l'existence des collections de poche. Je pense aussi avoir prouvé, dans les faits, que ce ne sont pas des paroles en l'air. En lançant un mensuel, C'est dans la poche, à l'existence malheureusement éphémère en raison de son manque d'audience. Ou en consacrant souvent des notes de blog à des rééditions.
Je n'aurais eu, par exemple (je cite celui-là parce que le livre se trouve encore sur mon bureau), presque aucune chance de tomber un jour sur La ligne de force, de Pierre Herbart, s'il ne venait de reparaître dans une de ces collections. J'ai dû lire, ici ou là, quelques-uns de ses livres, mais ils ne m'avaient jamais arrêté comme celui-ci vient de le faire. Ses séjours en Indochine, en URSS et en Espagne sont une superbe occasion de découvrir un homme libre et un écrivain de grand talent, détaché en apparence de tout ce qu'il raconte et, en réalité, fermement ancré dans ses convictions.
Donc, les poches pour la joie de découvrir ou de redécouvrir, voilà une sorte d'évidence à laquelle je ne me lasse pas de revenir.
Et voici que Livres Hebdo, dans un baromètre trimestriel dont la dernière version paraîtra ce vendredi, ajoute, à ma conviction (nourrie de plaisir), des faits et des chiffres (nourris de l'état du marché du livre en France). Alors que ce marché est, par rapport au troisième trimestre 2010, globalement en baisse de 1%, le livre de poche est en croissance, certes légère, de 1%. Il inverse la tendance générale - comme, dans une moindre mesure, les secteurs jeunesse, scolaire et parascolaire.
Bien entendu, il ne suffit pas d'enregistrer ces chiffres pour en conclure que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, et que le livre au format de poche a ses plus belles années devant lui. La concurrence annoncée, déjà présente en partie, du livre électronique, que l'on peut (si l'on veut) vendre moins cher qu'un livre papier, présage plutôt un reflux. Au moment où les libraires tremblent, où la TVA sur le livre devrait augmenter, c'est tout un monde - auteurs, éditeurs, libraires et lecteurs - qui doit se réorganiser en fonction de cette mutation. Il y faudra de l'intelligence, pour prendre la mesure du changement, et la volonté de l'accompagner - d'autres l'ont dit mieux que moi, parmi lesquels François Bon.
En attendant, je continuerai à dévorer des livres au format de poche et à vous le faire savoir.
Je suis déçue que vous aillez abandonné le C'est dans la poche que j'aimais beaucoup lire pour trouver des idées.
RépondreSupprimerBonne soirée !