Je ne vais pas faire semblant d'être surpris. Le nom d'Alexis Jenni circulait depuis longtemps (depuis que celui de Foenkinos avait disparu) comme favori du Goncourt pour L'art français de la guerre. Un imposant premier roman, qu'il faut avoir beaucoup de mauvaise foi pour trouver fabriqué - je ne citerai pas de nom, mais j'ai entendu un critique dire cela. Alors qu'il est dessiné tout en sensibilité - et en sinuosités, aussi, dans la longueur qui lui convient parfaitement.
J'ai déjà dû dire ici combien le rapprochement avec Les Bienveillantes, de Jonathan Littell, me paraît inadéquat. J'avais trouvé chez Jonathan Littell trop de documentation mal assimilée par la fiction, trop de personnages plaqués sur le décor historique. Tandis qu'ici, tout est au service d'un récit certes complexe, mené de front sur deux plans de narration, mais dans lequel je suis entré sans aucune difficulté, et qui m'a retenu jusqu'à la fin. M'emportant même, et c'est le propre des grands livres, très à l'extérieur de moi-même.
Bien sûr, le rapprochement Littell - Jenni n'est pas terminé: ils ont désormais tous deux reçu le Goncourt pour leur premier roman, ils parlent de guerres, ils sont publiés chez Gallimard (auquel le Goncourt pouvait difficilement échapper l'année de son centenaire - mais avez-vous vu, avez-vous lu l'extraordinaire quantité d'excellents livres qui se publient chez Gallimard?) et leur éditeur, dans cette maison, est le même, Richard Millet.
Ce sont là pourtant des éléments extérieurs au texte et c'est le texte qui m'importe.
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