Écartée du prix Goncourt, louée par François Busnel (son compagnon à la ville, pour celles et ceux qui n'ont pas entendu parler du scandale de la semaine), encensée par moi qui ne la connais pas du tout, Delphine de Vigan a reçu aujourd'hui une juste récompense avec le prix France Télévisions attribué à Rien ne s'oppose à la nuit - après le prix du roman Fnac il y a deux mois.
Je n'étais pas fou de ses précédents livres. En se mettant à nu dans celui-ci en même temps qu'elle tente de comprendre l'énigme que fut sa mère, elle va loin dans une autofiction généreuse et néanmoins emplie de doutes. Il faut ouvrir ce roman (meilleure vente ces jours-ci dans les librairies françaises, les lecteurs ne sont pas idiots non plus) sans a priori. Se laisser râper la peau et l'âme par une écriture à la fois violente et retenue, qui provoque sans cesse des secousses bénéfiques autant qu'insupportables. Sur le fil du rasoir, au bord d'un abîme qui, d'ailleurs, s'ouvre parfois, Delphine de Vigan a tout donné d'elle ici, s'est mise en danger, a réussi à franchir les barrières de l'indicible pour, précisément, le dire. Ce n'est pas seulement un exploit - même si c'est est un aussi. C'est profondément touchant.
Aujourd'hui aussi, le prix Décembre (qu'en privé je continue souvent à appeler Novembre, un effet de l'âge?) n'a pas réussi à choisir entre les deux candidats toujours en lice après le prix Renaudot d'Emmanuel Carrère. Jean-Christophe Bailly (Le dépaysement) et Olivier Frébourg (Gaston et Gustave) se partagent donc les 30.000 euros du prix, et les honneurs qui l'accompagnent. Mais je ne les ai pas lus et, vous le savez, dans ce cas-là, je préfère me taire.
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