mercredi 2 novembre 2011

L'actualité littéraire (42) - Le Renaudot à Emmanuel Carrère et Gérard Guégan

Je ne comprends pas tout à fait ce qui s'est passé aujourd'hui au sein du jury Renaudot. Il me semblait que Sylvain Tesson était un lauréat tout indiqué pour le Renaudot essai avec son superbe récit Dans les forêts de Sibérie. Quelle mouche a donc piqué quatre jurés pour le mettre en compétition avec un des livres les plus réussis (sinon le plus réussi) de cette rentrée, le Limonov d'Emmanuel Carrère?
Celui-ci a donc été choisi comme lauréat, et je m'en réjouis. D'Edouard Limonov, écrivain et activiste russe, je n'avais qu'une image imprécise, construite à partir de rumeurs parisiennes quand il fréquentait, dans les années 80, la bande à Jean-Edern Hallier, et d'articles de presse sur ses plus récentes dérives politiques. Franchement, c'était quelqu'un à qui je n'avais pas trop envie de m'intéresser. Sinon que Carrère, le prenant comme un personnage de roman, se place face à lui dans une sorte de défi, voire de duel, entre écrivains, et le résultat est au-delà de toutes mes espérances.
J'aime beaucoup, depuis L'amie du jaguar qui me l'avait fait découvrir en 1983, l’œuvre d'Emmanuel Carrère. Mais il me semble qu'il n'a pas encore fini de grandir...

Grâce peut-être à la confusion dont je parlais plus haut, Gérard Guégan a reçu le prix Renaudot essai pour Fontenoy ne reviendra plus, dont j'avoue que je l'ai lu seulement hier alors qu'il est paru en février - voilà à quoi servent les sélections avant les prix: à faire lire des ouvrages à côté desquels on était passé...
Je n'ai cessé de me dire, tout au long des presque cinq cents pages du livre: mais pourquoi, pourquoi donc, ne me suis-je pas jeté sur ce livre quand il est paru? Très documenté, écrit avec une verve qui empêche de le quitter (je l'ai terminé à dix heures du soir, et je me lève très tôt le matin!), Fontenoy ne reviendra plus est un itinéraire comme, certes, il y en a eu plusieurs en France entre les années trente et la fin de la Seconde guerre mondiale, mais qui sort quand même de l'ordinaire. Cet ami intime de Brice Parain, plus journaliste qu'écrivain, ne s'engage pas à moitié - il veut aussi vivre dans le confort. Le communisme d'abord, le nazisme ensuite, oint été chez lui des choix radicaux. Mais presque esthétiques. Et, pour le dernier, mortel.
Il a quelque chose de Limonov, ce Fontenoy...


Pour en finir avec le Renaudot, vous lirez peut-être, en annexe des articles qui paraîtront demain, qu'il a été attribué aussi un Renaudot poche, à Linda Lê pour A l'enfant que je n'aurai pas. Mais, comme je ne l'ai pas lu, vous n'en saurez pas davantage ici.

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