Il m'a souvent énervé, David Foenkinos. En guise de style, il pratique généralement un maniérisme qui m'éloigne de ses romans au lieu de m'en rapprocher. C'est moins sensible ici, malgré une disposition du texte à propos de laquelle il apporte quelques arguments (dans la citation que fait l'éditeur, ci-dessous). Mais il met en scène, dans Charlotte, un destin auquel on reste difficilement insensible. Un point pour lui.
Charlotte, selon son éditeur
«Pendant des années, j’ai pris des notes.
J’ai cité ou évoqué Charlotte dans plusieurs de mes romans.
J’ai tenté d’écrire ce livre tant de fois.
Entre chaque roman, j’ai voulu l’écrire.
Mais je ne savais pas comment faire.
Devais-je être présent?
Devais-je romancer son histoire?
Quelle forme cela devait-il prendre?
Je n’arrivais pas à écrire deux phrases de suite.
Alors, je me suis dit qu’il fallait l’écrire comme ça.»
Ce roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu'elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d'une œuvre picturale autobiographique d'une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant: «C'est toute ma vie.» Portrait saisissant d'une femme exceptionnelle, évocation d'un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche.
L'auteur, David Foenkinos
Charlotte est le treizième roman de David Foenkinos. Il a publié entre autres Les Souvenirs et Je vais mieux. Ses livres sont traduits en quarante langues. En 2011, son frère et lui ont adapté au cinéma La Délicatesse, avec Audrey Tautou et François Damiens.
Les premières lignes
Charlotte a appris à lire son prénom sur une tombe.
Elle n’est donc pas la première Charlotte.
Il y eut d’abord sa tante, la sœur de sa mère.
Les deux sœurs sont très unies, jusqu’à un soir de novembre 1913.
Franziska et Charlotte chantent ensemble, dansent, rient aussi.
Ce n’est jamais extravagant.
Il y a une pudeur dans leur exercice du bonheur.
C’est peut-être lié à la personnalité de leur père.
Un intellectuel rigide, amateur d’art et d’antiquités.
À ses yeux, rien n’a davantage d’intérêt qu’une poussière romaine.
Leur mère est plus douce.
Mais d’une douceur qui confine à la tristesse.
Sa vie a été une succession de drames.
Il sera bien utile de les énoncer plus tard.
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