Et rien d'autre, de James Salter, est l'un des romans les plus attendus de cette rentrée - et il ne faut plus patienter très longtemps puisqu'il arrivera après-demain en librairie. Le passage de l'auteur à Paris, en juin, a été l'occasion de quelques entretiens que des hebdomadaires ont déjà publié la semaine dernière. L'amour et la littérature y nouent des liens inextricables.
Cet ouvrage est le dernier de mes avant-premières, puisque les premières parutions sont prévues pour demain. Mais je continue à lire, bien entendu.
Et rien d'autre, selon son éditeur
La Seconde Guerre mondiale touche à sa fin. À bord d’un porte-avions au large du Japon, Philip Bowman rentre aux États-Unis. Il a deux obsessions, qui l’accompagneront tout au long de sa vie: la littérature et la quête de l’amour. Embauché par un éditeur, il découvre ce milieu très fermé, fait de maisons indépendantes, et encore dirigées par ceux qui les ont fondées. Bowman s’y sent comme un poisson dans l’eau, et sa réussite s’avère aussi rapide qu’indiscutable. Reste l’amour, ou plutôt cette sorte d’idéal qu’il poursuit, et qui ne cesse de se dérober à lui. L’échec d’un premier mariage, l’éblouissement de la passion physique et le goût amer de la trahison sont quelques-uns des moments de cette chasse au bonheur dont l’issue demeure incertaine.
Ce livre magnifique est comme le testament d’une génération d’écrivains, derniers témoins, sans le savoir, d’un monde promis à la disparition. Parce que l’art est le seul lieu où les contraires coexistent sans se détruire, il noue d’un même geste la soif de vivre de la jeunesse et la mélancolie de l’âge mûr, la frénésie érotique et le besoin d’apaisement, la recherche de la gloire et la conscience aiguë de son insignifiance.
L'auteur, James Salter
James Salter est né à New York où il passe son enfance et son adolescence. En 1945, il termine ses études d'ingénieur, sort cinquième de sa classe de la prestigieuse académie militaire de West Point et entre dans l'US Air Force comme pilote. Salter participe à la guerre de Corée, puis il prend la décision d'entrer au Pentagone. Il est affecté en France et commence à écrire. Fortement marqué par les figures tutélaires d'Irwin Shaw, Robert Phelps et Robert Emmett Ginna, le lieutenant-colonel Horowitz publie son premier roman sous le nom de James Salter en 1956 et démissionne de l'armée pour se consacrer pleinement à l'écriture.
Les premières lignes
Toute la nuit, dans le noir, la mer avait défilé.
Sous le pont, dans leurs lits métalliques étagés les uns au-dessus des autres par rangées de six, des centaines d’hommes, silencieux, gisant pour la plupart sur le dos, n’avaient toujours pas trouvé le sommeil alors que le jour allait poindre. Les lampes étaient en veilleuse, les moteurs vrombissaient inlassablement, les ventilateurs brassaient l’air humide: quinze cents soldats avec chacun des armes et un paquetage assez lourds pour le faire couler à pic, comme une enclume jetée dans l’océan, rien qu’une fraction de l’immense armée en route vers Okinawa, la grande île située à la pointe sud du Japon. En vérité, Okinawa, c’était déjà le Japon, l’archipel en faisait partie, une terre étrange et inconnue. La guerre, qui durait depuis trois ans et demi, était entrée dans sa phase terminale. D’ici une demi-heure, les premiers groupes de soldats formeraient la file d’attente du petit-déjeuner, ils mangeraient debout, épaule contre épaule, l’air grave, sans échanger un mot. Le navire fendait doucement les flots, avec un léger ronronnement. L’acier de la coque grinçait.
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