Il a du savoir-faire, ce Grégoire Delacourt qui ne laisse pas à son lecteur le temps de s'ennuyer. Tout le contraire du personnage principal d'On ne voyait que le bonheur, son quatrième roman. Antoine est timide, il porte sur lui la honte de ce qu'il n'a jamais osé faire dans sa vie étriquée. Jusqu'au moment où, débordé par tout ce qu'il avait gardé enfermé, il bascule. Particularité: chaque titre de séquence est un nombre - souvent lié à une somme d'argent, mais pas que.
On ne voyait que le bonheur, selon son éditeur
«Une vie, et j’étais bien placé pour le savoir, vaut entre trente et quarante mille euros.
Une vie; le col enfin à dix centimètres, le souffle court, la naissance, le sang, les larmes, la joie, la douleur, le premier bain, les premières dents, les premiers pas; les mots nouveaux, la chute de vélo, l’appareil dentaire, la peur du tétanos, les blagues, les cousins, les vacances, les potes, les filles, les trahisons, le bien qu’on fait, l’envie de changer le monde.
Entre trente et quarante mille euros si vous vous faites écraser.
Vingt, vingt-cinq mille si vous êtes un enfant.
Un peu plus de cent mille si vous êtes dans un avion qui vous écrabouille avec deux cent vingt-sept autres vies.
Combien valurent les nôtres?»
À force d’estimer, d’indemniser la vie des autres, un assureur va s’intéresser à la valeur de la sienne et nous emmener dans les territoires les plus intimes de notre humanité.Construit en forme de triptyque, On ne voyait que le bonheur se déroule dans le nord de la France, puis sur la côte ouest du Mexique. Le dernier tableau s’affranchit de la géographie et nous plonge dans le monde dangereux de l’adolescence, qui abrite pourtant les plus grandes promesses.
L'auteur, Grégoire Delacourt
Né en 1960 à Valenciennes, Grégoire Delacourt est un publicitaire. Après le succès de L'Ecrivain de la famille, son premier roman (20 000 exemplaires vendus dans la première édition, les Prix Marcel Pagnol, et Rive Gauche), La Liste de mes envies s'est vendu à plus de 400.000 exemplaires et est devenu un succès international, avec des traductions dans 26 pays.
Les premières lignes
Une vie, et j’étais bien placé pour le savoir, vaut entre trente et quarante mille euros.
Une vie; le col enfin à dix centimètres, le souffle court, la naissance, le sang, les larmes, la joie, la douleur, le premier bain, les premières dents, les premiers pas; les mots nouveaux, la chute de vélo, l’appareil dentaire, la peur du tétanos, les blagues, les cousins, les vacances, l’allergie aux poils de chats, les caprices, les sucreries, les caries, les mensonges déjà, les regards en coin, les rires, les émerveillements, la scarlatine, le corps dégingandé qui pousse de travers, les oreilles longtemps trop grandes, la mue, les érections, les potes, les filles, le tire-comédon, les trahisons, le bien qu’on fait, l’envie de changer le monde, de tuer les cons, tous les cons, les gueules de bois, la mousse à raser, les chagrins d’amour, l’amour, l’envie de mourir, le bac, la fac, Radiguet, les Stones, le rock, le trichlo, la curiosité, le premier boulot, la première paye, la bringue pour fêter ça, les fiançailles, les épousailles, la première tromperie, l’amour à nouveau, le besoin d’amour, la douceur qu’on suscite, l’opium de la petite tendresse, les souvenirs déjà, le temps qui file plus vite soudain, la tache sur le poumon droit, la douleur en urinant le matin, les caresses nouvelles, la peau, le grain de la peau, le grain de beauté suspect, [...]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire