1984 n'est pas seulement un roman d'Orwell. C'est aussi une trilogie romanesque et très documentée, l'un n'empêchant pas l'autre, du Canadien Eric Plamondon. Le troisième volume, Pomme S, est publié en France la semaine prochaine. Les lecteurs et lectrices des deux premiers volumes ne manqueront pas davantage le livre que les inconditionnels du Mac. Avec lequel, on s'en doute, ce livre n'est pas sans rapports - 1984 est l'année du lancement du premier Macintosh, comme on disait alors. C'est bourré d'anecdotes et d'intelligence.
Pomme S, selon son éditeur
Il y a des années charnières cachées dans l’histoire du monde. 1984 en est une. Johnny Weissmuller meurt dans l’oubli. Richard Brautigan se suicide. Steve Jobs lance le premier Macintosh.
L’ordinateur est la plus puissante machine de l’humanité. Son histoire, c’est celle de Turing, de Babbage, de Byron, d’Einstein, de Pascal et d’Orwell. C’est aussi celle des automates, des métiers à tisser, de la machine à écrire et de l’ampoule électrique. Pour Gabriel Rivages, c’est d’abord l’histoire de Steve Jobs, enfant adopté, ancien hippie, employé chez Atari, père de Lisa, créateur du Macintosh et storyteller. Prométhée est puni. Des enfants naissent. Al-Kharezmi invente l’algèbre. On se tire le Yi King. On peint des chefs-d’œuvre. On fait la guerre. Bugs Bunny imite Tarzan à Hawaï. C’est la finale du Super Bowl: 1984 ne sera pas comme 1984. Brautigan écrit Tous veillés par des machines de grâce aimante et un père admire son fils.
Avec Pomme S, Éric Plamondon conclut magistralement son triptyque d’un Ouest américain kaléidoscopique, intime, culturel et connecté.
L'auteur, Eric Plamondon
Né au Québec en 1969, Éric Plamondon a étudié le journalisme à l’université Laval et la littérature à l’UQÀM (Université du Québec à Montréal). Il vit aujourd’hui à Bordeaux et a publié aux éditions Le Quartanier au Canada la trilogie 1984, composée de Hongrie-Hollywood Express, Mayonnaise, et Pomme S ainsi qu’une novela intitulée Ristigouche. La trilogie 1984 est publiée en France aux Éditions Phébus.
Les premières lignes
1
Ouverture
Il était une fois en Amérique un enfant adopté devenu milliardaire.
2
Un p'tit pain
Gabriel Rivages est né au Québec en 1969. Il a grandi en entendant dire: «Quand on est né pour un p’tit pain, on est né pour un p’tit pain.» S’il avait grandi aux États-Unis, on lui aurait dit: «Si tu le veux vraiment, tu peux réaliser ton rêve.» À quarante ans, Gabriel Rivages se rend compte que, toute sa vie, il s’est battu contre un dicton. Quand on est né pour un p’tit pain…
3
Arbeit macht frei
Gabriel Rivages découvre la littérature grâce au surréalisme. À vingt-trois ans, il tombe sur le Manifeste d’André Breton. Il y fait la rencontre du comte de Lautréamont. Plongé dans Les Chants de Maldoror, Rivages n’a jamais ressenti un texte de manière aussi puissante, aussi physique. Le livre du comte, de son vrai nom Isidore Ducasse, est autant une aventure charnelle qu’intellectuelle. On n’en sort pas indemne. On comprend la force que peuvent avoir les mots. C’est quelque chose comme la scène du rasoir tranchant l’œil au début d’Un chien andalou. C’est un combat de boxe sans gants, un match de lutte sans trucages, une bagarre de rue sans issue.
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