Voici un premier roman qui ne mérite pas le sort réservé à des ouvrages sur lesquels Bruno Deniel-Laurent a réalisé un film documentaire: On achève bien les livres, où les livres ne dansent pas, était consacré au pilon - une tuerie, au sens propre et au sens figuré. Dušan, le personnage principal, est aussi celui qui donne son titre au livre: L'idiot du Palais. Le Palais est l'enclave parisienne d'un émirat pétrolier. L'idiot est un agent de sécurité qui a abdiqué toute liberté et qui se rebiffe.
L'idiot du Palais, selon son éditeur
On l’appelle le Palais. C’est une prison dorée des beaux quartiers de Paris. Originaire de Serbie, Dušan vient d’y être recruté comme agent de sécurité. Au service de la Princesse, il passe son temps à attendre, simple figurant d’une farce où se mélangent le protocole et les caprices.
Lorsque le Prince débarque sans préavis des États-Unis, Dušan endosse un nouveau rôle. Le «docteur» Élias, âme damnée des lieux, lui confie la mission délicate de pourvoir aux fantasmes du Prince. C’est ainsi qu’il recrute Khadija sur les boulevards extérieurs. Il ne sait pas qu’en la ramenant au Palais il va signer sa propre perte. Et retrouver le goût de la liberté.
L'auteur, Bruno Deniel-Laurent
Né en Mayenne angevine en 1972, Bruno Deniel-Laurent vit à Angers. Rédacteur en chef de feu la revue Cancer! Collaborateur de Schnock et de La Revue des Deux Mondes, il est l'auteur d'un essai littéraire sur sa province natale, L'Anjou en toutes lettres (Siloë, 2011) et de Éloge des phénomènes (Max Milo, 2014). Par ailleurs, il a co-réalisé Cham, un film documentaire sur le génocide des musulmans du Cambodge et réalisé On achève bien les livres, consacré au pilon.
Les premières lignes
La Princesse sortit à cinq heures.
L’opérateur du Palais diffusa la nouvelle et des arrière-cuisines aux avant-postes, ce fut une même indicible pensée: «Bon débarras».
Dušan sortit un stylo de sa veste sombre et ajouta sur la main courante du poste de sécurité une ligne supplémentaire: 17h03 sortie A2 + madame rachel + major othman.
Bâti dans les premières années du XXe siècle, le Palais est à mi-chemin de la synagogue Émile Uhlmann et du square Monfreid. Engoncé entre deux façades haussmanniennes, il impose aux passants sa bedaine de béton blanc vaguement ronde et faussement grandiose, un Taj Mahal sans forme, substance ni destination, inscrit dans un réseau de résidences princières étalées entre les États-Unis, l’Europe et l’émirat d’Oukbahr. Sept plans superposés, depuis la piscine en marbre noir du sous-sol jusqu’à la suite labyrinthique du cinquième étage réservée à la Princesse; des jardins tirés au cordeau; trois ou quatre mille mètres carrés de salons, de suites et de corridors noyés sous une même débauche de toc, de stuc, de tentures adipeuses; des ascenseurs empestant la friture et le safran, pourris par le parfum des gouvernantes et les fumigations d’encens.
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