Troisième roman, chez un nouvel éditeur, pour la romancière belge dont le coup d'essai, Ego tango, en 2010, m'avait emporté sur des rythmes que je ne pratique pas mais que j'avais découverts, à cette occasion, particulièrement efficaces. Bye Bye Elvis est un double récit dont l'un est consacré au chanteur et l'autre, à un vieil homme plein de mystères. Séduisant.
Bye Bye Elvis, selon son éditeur
Graceland, 16 août 1977, Elvis Presley disparaît et laisse derrière lui des millions d’adorateurs éperdus. Crépuscule du Roi du Rock. Jusqu’à la fin, la longue fréquentation du désastre ne lui avait pas fait perdre toute sa candeur.
Dix-sept ans plus tard, Yvonne entre au service de John White, un vieil Américain au physique fragile. Elle va passer vingt ans à ses côtés, tissant une relation de dépendance avec cet homme dont elle ne sait rien et qu’elle s’efforce de sauver d’une fin misérable. La vie de White et celle d’Elvis s’entrelacent, dessinant des créatures identiques dans leur difformité et leur isolement. Entre les deux, il est possible qu’un lien existe – à moins qu’ils ne se soient croisés que dans ce roman…
Portrait impitoyable et tendre en miroir d’une fiction, Bye Bye Elvis est un roman mélancolique et venimeux, rythmé par une métrique impeccable.
L'auteure, Caroline De Mulder
Née à Gand, Caroline De Mulder a écrit deux romans aux éditions Champ Vallon: Ego tango (prix Rossel 2010) et Nous les bêtes traquées (2012).
Les premières lignes
12h05, à son retour à Graceland, personne ne le reconnaît. Il a gonflé de partout, on dirait un noyé, après un long séjour dans l’eau, à trinquer, à boire la tasse.
Des mains déçues des embaumeurs qui l’ont maquillé à partir d’une photo de l’homme jeune, il est passé à celles de Larry Geller, son coiffeur. Tendrement, Geller a teint les racines blanches du cadavre avec le mascara d’une employée de la morgue. Les cheveux sont de ce noir aile de corbeau, depuis toujours trop noir pour un teint de blond, mais à peine adolescent Elvis voulait déjà ressembler à une star du cinéma et il se mettait du cirage dans les cheveux. Ça le salissait au cou au visage et de près il semblait crasseux, mais c’est qu’à part James Dean il n’y avait pas un seul blondinet célèbre à l’écran. Puis dès qu’il était monté à Hollywood, il avait voulu ressembler à un homme qui ne souriait jamais, car les grands acteurs se contentent de regards sombres, et c’est pour ça que les femmes les aiment, disait Elvis, parce qu’ils ne sourient jamais, et moi aussi je veux que chacun de mes sourires soit un événement une fête un souvenir impérissable.
Ayant beaucoup aimé ses deux précédents romans, je suis moi aussi impatient de lire celui-ci.
RépondreSupprimerVous ne devriez pas être déçu.
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