C'est un premier roman - et pas mon favori parmi les trois finalistes - qui vient de recevoir le Prix du roman Fnac. Le complexe d'Eden Bellwether, de Benjamin Wood, est un livre épais qui se déroule à Cambridge. Un jeune surdoué, mais qui se croit doté de plus de talents qu'il n'en dispose, est au centre d'un petit groupe composé de quelques membres: sa sœur Iris, sa petite amie Jane, Yin et Marcus, tous étudiants, et Oscar, le seul travailleur de la bande, le petit ami d'Iris. Sur Eden, sa mère posera un jour cette question à Oscar: "mon fils est-il quelqu'un d'exceptionnel ou quelqu'un d'anormal?" A quoi Oscar répondra la seule chose à peu près honnête susceptible de ne pas trop blesser une mère: "Je ne suis pas sûr qu'il soit possible d'être exceptionnel sans être un peu anormal aussi. l'un ne va pas sans l'autre."
Les parents d'Eden lui ont toujours tout passé, ou presque. N'ont jamais perçu ce qu'il pouvait y avoir de dangereux en lui. Ont cru qu'il suffisait de le laisser développer ses dons, en particulier pour la musique, dans leur milieu aisé, privilégié, pour qu'il en fasse bon usage. (Sinon qu'à la fin, trop tard, son père avouera à Oscar qu'il avait quand même compris deux ou trois choses étranges.) Du coup, il s'est servi de sa sœur comme d'un cobaye pour des expériences renforçant la certitude qu'il avait de posséder des dons exceptionnels.
La confrontation d'Eden avec Herbert Crest, un vieux psychologue malade qui a écrit sur la Personnalité narcissique et a énuméré des symptômes dont beaucoup ressemblent à des caractéristiques d'Eden, débouchera sur une vérité dont seul Oscar devinait la portée - un temps avec l'approbation d'iris, avant qu'elle soit reconquise par son frère.
Quelques passages longuets enlèvent au roman un peu de la force qu'il aurait pu avoir. Il reste néanmoins une excellente entrée en littérature pour un auteur de 32 ans.
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