Il avait beaucoup été
question, à Paris, du roman de Nelly Alard, Moment d’un couple (Gallimard), dès le moment de sa sortie à la fin du mois
d’août 2013. Les milieux bien informés se chuchotaient, raconte-t-on, les noms des
véritables protagonistes de cette aventure amoureuse d’un journaliste qui met
son couple en péril à cause d’une liaison avec une femme politique. On veut
croire que le jury du Prix Interallié, qui a couronné ce livre, ne l’a pas jugé comme une page de la
presse people mais s’est contenté de ses qualités littéraires.
Si les amants y ont leur
place, puisqu’ils bousculent un ordre établi, le personnage principal est
Juliette, l’épouse d’Olivier, le journaliste, heureuse avec lui depuis dix ans
et confiante dans leur relation. Deux enfants, une existence
professionnellement valorisante – elle élabore de gros projets informatiques –
et des amis sur qui ils peuvent compter font d’eux un couple idéal. Sinon
qu’Olivier a cédé à la séduction de Victoire, socialiste et féministe. Il avoue
un jour à Juliette que « ça dure
depuis trois semaines ». Et tout s’écroule.
Juliette est une femme
raisonnable, ou qui tente de l’être. Même quand elle hurle à l’intérieur, elle
reste capable la plupart du temps d’envisager les choses avec le minimum de
distance nécessaire pour peser les conséquences de ses propres réactions. Elle
se trouve pourtant dans une situation pour le moins délicate. D’une part, elle
connaît assez son mari pour savoir qu’il est incapable de prendre une décision
radicale aussi simple qu’une rupture définitive et qu’il ira plutôt vers celle
des deux qui lui montrera le plus d’amour, ou de besoin de lui. D’autre part,
Victoire, sur qui d’abord elle ne veut rien savoir, même pas son prénom (elle
se contente, un certain temps, de la première lettre, V), semble cultiver
l’hystérie à un degré très élevé et les menaces de suicide sont à peu près les annonces
les plus anodines de ce qui arrivera si Olivier la quitte…
Nelly Alard pose les faits et fouille le cœur de
Juliette avec un scalpel particulièrement aiguisé. L’âme à nu, son héroïne
devient presque celle de La femme rompue,
de Simone de Beauvoir. Le roman est cité plusieurs fois. Et, chez Simone de
Beauvoir, l’homme marié finit par quitter sa femme pour sa maîtresse. Voilà qui
n’annonce rien de bon sur le chemin d’une reconstruction amoureuse d’autant
moins évidente que Victoire ne lâche jamais rien. Jusqu’au pied de nez final,
en forme de pirouette.
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