Ainsi s’ouvre La
tristesse des femmes en mousseline, de Jean-Daniel Baltassat, sans préciser
qui est cette Mathilde dont Valéry connaît tous les charmes : « Les tendons brûlants de la nuque, il
les a eus sous ses doigts, la chair tendre à déchirer de ses cuisses, il l’a
eue sous ses lèvres, le dur de ses fesses et de son ventre, l’impatience de ses
reins, il les a endurés, ravi dans le doré de son sexe ». Les amateurs
de biographies le regretteront, mais ils n’ont qu’à aller voir ailleurs. Car,
ici, peu importe l’identité de cette femme (pas si difficile à trouver,
d’ailleurs). Le sentiment de perte, compensé par la permanence de l’art, domine
l’envie de connaître les détails. Un monde présent s’en va, et Valéry avec lui.
Un monde passé reste, et la fameuse aquarelle de Berthe Morisot avec lui.
Sur la faille temporelle et psychique, l’impression de
déchirement s’en prend à la raison et toute la question est de savoir si celle-ci
réussira à se maintenir au premier plan sans négliger les sens et les émotions.
« Au moins me reste-t-il le ciel et
la terre, les poussettes et la tristesse des femmes en robe de
mousseline. »
Citation
Les Japonais font danser leurs pinceaux sur les puits, ils n’y descendent jamais, pourtant nous en voyons bien le fond.
JEAN-DANIEL BALTASSAT
Calmann-Lévy, 250 p., 19,50 €, ebook, 13,99 €
P.-S. Mauvaise nouvelle: l'entretien de rentrée que j'évoquais l'autre jour, et qui devait paraître aujourd'hui dans Le Soir a été reporté pour cause de mauvaise nouvelle (la mort d'Aretha Franklin).
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